Sahel : l'aggravation de l’insécurité dans la "zone des trois frontières" inquiète l'ONU
- Au total, 650 personnes tuées et 5,2 millions autres en insécurité alimentaire aiguë dans cette zone depuis le début de l’année.

Burkina Faso
AA / Ouagadougou/ Dramane Traoré
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a exprimé ses inquiétudes, jeudi, de la poursuite de la détérioration de la situation sécuritaire dans la "zone des trois frontières", épicentre des violences au Sahel, a rapporté l’organisation sur son site.
"Le contexte humanitaire dans la zone transfrontalière entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger continue de se détériorer", a indiqué l’OCHA dans son dernier bulletin humanitaire, soulignant que les tendances sécuritaires montrent une augmentation continue du nombre d’incidents dans la région.
Selon la même source, depuis le début de l’année, les organismes humanitaires ont recensé au moins 292 incidents ayant causé la mort de 650 personnes, dans cette zone.
Selon l’OCHA, cette insécurité met à rude épreuve les services sociaux de base déjà faibles et engendre "de graves répercussions sur les moyens de subsistance fragiles et la capacité des personnes à subvenir à leurs besoins".
"Les déplacements à grande échelle ont un fort impact sur les ressources naturelles rares, avec des conséquences négatives tant sur les populations déplacées que sur les communautés d’accueil, renforçant le risque de mise en péril de la cohésion sociale", souligne l’Agence onusienne.
Selon l’ONU, 5,2 millions de personnes sont en insécurité alimentaire aiguë dans la zone des "zone des trois frontières".
Dans ces conditions, l’aide humanitaire est essentielle pour 10,8 millions de personnes.
Cependant, seuls 22 % des fonds nécessaires à la réponse ont été reçus, a alerté l’ONU.
Sur le terrain, de plus en plus de personnes fuient leurs maisons pour se réfugier "dans les champs ou les villages voisins, parfois à plusieurs reprises", note l’ONU, précisant qu’au Burkina Faso, au Mali et au Niger, près de 2,4 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de ces trois pays.
Au Burkina Faso, l’un des pays les plus touchés par ces mouvements de populations, les régions du Centre-Nord, du Sahel, de l’Est et du Nord restent les plus affectées.
Elles comptent à elles seules près de 1,42 million de déplacés internes. Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés, il s’agit d’une augmentation de 4 % par rapport à juillet 2021.
De son côté, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) note que la situation sécuritaire a continué de se détériorer au Burkina Faso.
Cette détérioration est marquée par "des menaces et des actes d’intimidation, le pillage de biens, notamment de bétail, l’utilisation d’engins explosifs improvisés (EEI) et des enlèvements ciblés suivis de meurtres de civils", souligne-t-on.
Dans l’ensemble, le HCR dit avoir constaté au cours du mois d’août, "une intensification des attaques des groupes armés contre les Forces de défense et de sécurité (FDS) du gouvernement".