Sénégal: présidentielle maintenue en 2019 après le rejet d'une réduction du mandat de 7 à 5 ans de Sall par le Conseil Constitutionnel
Un referendum sera convoqué le 20 mars portant sur d’autres points du projet de révision de la Constitution proposé par Macky Sall qui, contrairement à la réduction du mandat, sont "conformes à l'esprit de la Constitution"d'après le Conseil

Dakar
AA/Dakar/Babacar Dione/Arona Bass/Alioune Ndiaye/Ibrahima Dia
Le président sénégalais, Macky Sall, a annoncé, mardi à Dakar, qu’il renonçait à réduire son mandat de 7 ans à 5 ans conformément à l’avis du Conseil constitutionnel et que son mandat actuel se terminera donc en 2019.
Le chef de l'Etat avait présenté, en janvier dernier, un projet de réforme de la constitution incluant une réduction de son septennat en quinquennat, proposant ainsi de programmer l’élection présidentielle en 2017 au lieu de 2019.
«Sur l’application de la réduction au mandat en cours du Président de la République, le Conseil constitutionnel considère que cette disposition doit être supprimée, au motif qu’elle n’est conforme ni à l’esprit de la constitution, ni à la pratique constitutionnelle », a déclaré Macky Sall, s’adressant à la Nation à 20 heures (heure locale et GMT) à la télévision sénégalaise.
« Se fondant sur l’histoire constitutionnelle de notre pays et l’expérience d’autres Etats partageant la même tradition juridique, le Conseil constitutionnel considère que le mandat en cours au moment de l’entrée en vigueur de la loi de révision (qui sera soumise à un référendum au mois de mars), dont la durée, préalablement fixée dans le temps, et par essence intangible, est hors de portée de la loi nouvelle », a ajouté le président Sall.
Le président a indiqué qu’il se conformerait donc à l’avis du conseil constitutionnel.« Je ne saurais déroger à cette règle, sachant que c’est l’autorité attachée aux délibérations de notre système juridictionnel qui donne force et crédibilité à nos institutions, condition sine qua non d’une démocratie majeure et apaisée et d’un Etat de droit vigoureux et durable. »,a-t-il justifié.
Citant, l’article 92 de la constitution sénégalaise, Sall a ajouté : « Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d'aucune voie de recours. Elles s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles » .
Macky Sall avait déclaré lors du second tour de l’élection présidentielle de 2012, qui l’opposait à l’ancien président Abdoulaye Wade, qu’il réduirait son mandat s’il était élu chef de l’Etat du Sénégal.
Après avoir remporté l’élection avec 65,8% des voix, il avait réitéré sa décision de réduire son mandat lors de ses différentes déclarations à la Nation.
«Un mandat de 5 ans est plus conforme à la démocratie », avait-il soutenu à plusieurs reprises. Il entendait ainsi « donner un exemple ».
« Il faut qu'on comprenne, en Afrique aussi, qu'on est capable de donner la leçon, et que le pouvoir ce n'est pas une fin en soi », avait-il dit en ce sens, le 17 mars dernier, lors d’une conférence de presse tenue à Dakar, au moment où nombre de présidents africains briguent ou ont affiché l’intention de renouveler des mandats, jugés «anticonstitutionnels », provoquant la révolte, comme au Burundi.