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Sénégal : libération de Khalifa Sall, l’apaisement politique se profile

La libération est intervenue deux jours après « la réconciliation » entre Macky Sall et son prédécesseur Abdoulaye Wade qui se rencontraient officiellement la première fois depuis la passation de service entre les deux hommes en 2012.

Lassaad Ben Ahmed  | 30.09.2019 - Mıse À Jour : 01.10.2019
Sénégal : libération de Khalifa Sall, l’apaisement politique se profile

Senegal

AA / Dakar / Alioune Ndiaye

Khalifa Ababacar Sall a quitté dimanche dans la soirée la prison de Rebeuss (Dakar) à la faveur d’une remise totale des peines principales, décrétée par le président de la République.

Des Dakarois de tout âge ont convergé à la maison d’arrêt et de correction où était incarcéré Khalifa Sall depuis mars 2017 pour un accueil populaire.

Il s’est offert une véritable parade nocturne entre la prison et le domicile de sa maman aux Parcelles Assainies, un quartier de la capitale.


« Alhamdoulilah, je rends grâce à Dieu et je le remercie », a juste lancé l’ancien maire aux nombreux journalistes venus recueillir ses premières impressions.

Les réactions n’ont pas manqué de tomber de tout bord. Tous y voient un signe d’apaisement du climat politico-social très tendu depuis des années.

La libération est intervenue deux jours après « la réconciliation » entre Macky Sall et son prédécesseur Abdoulaye Wade qui se rencontraient officiellement la première fois depuis la passation de service entre les deux hommes en 2012.

«La libération de Khalifa Ababacar Sall est un acte historique pour le renforcement de la cohésion nationale et la consolidation de la paix sociale dans notre pays.

C’est aussi une victoire des libertés et de la démocratie », a salué sur twitter Malick Gackou, président du Grand parti (opposition).

« Cette décision montre que le président de la République a compris que la paix et la stabilité sociale dans un pays n’ont pas de prix », a assuré pour sa part Déthié Fall, député à l’assemblée et vice-président du parti Rewmi (opposition).

Le parti présidentiel s’est fendu d’un communiqué pour magnifier la grâce accordée à l’ancien maire.

« L’alliance pour la république (APR) se félicite de cette décision courageuse et républicaine qui s’inscrit dans la (…) décrispation et la consolidation de la paix sociale », a soutenu le parti présidentiel.

La défense de Khalifa Sall qui, de tout le temps, s’est refusée à introduire une demande de grâce, a reconnu la portée de l’acte posée par le chef de l’Etat.

« Le Sénégal est dans une ère de dégel et de décrispation politique, c’est très important quand il y a des blocages d’utiliser ce genre de procédures pour régler pareils cas », a positivé sur les ondes de la Radio Sénégal internationale (RSI) Khoureychi Bâ, un des avocats de Khalifa Sall.

Le ministre de la Justice a affirmé, cependant, avoir reçu une requête (de grâce) présentée au nom de Khalifa Sall et ses co-inculpés.

Une demande qu’assume « pleinement » Khassimou Touré qui ne fait pas partie du pool d’avocats de Khalifa Sall.

« J’ai pris ma responsabilité et lancé une initiative personnelle pour déclencher une procédure de grâce en faveur des inculpés sur le dossier de la caisse d’avance de la mairie de Dakar et j’assume tout », a-t-il ainsi avoué dans un entretien accordé au site « dakaractu.com ».

Même la maire de Paris s’est félicitée de la libération de Khalifa Sall. « Au-delà d’une mesure d’apaisement qui devrait rendre Khalifa Sall à la liberté, aux siens et aux Dakarois, je salue un geste qui va dans le sens de la réconciliation nationale du Sénégal », a relevé Anne Hidalgo dans un communiqué publié dimanche.

Reconnu coupable de "faux et usage de faux en écriture de commerce, faux et usage de faux sur des documents administratifs et escroquerie portant sur les deniers publics", Khalifa Sall a été condamné à cinq de prison et une amende de 5 millions francs CFA (8300 dollars).

Il avait été débouté de tous les recours introduits. Ce qui lui avait valu la perte de son siège de député ainsi que son poste de maire de la capitale ainsi que l’invalidation de sa candidature à la présidentielle de février 2019.

Ses partisans ont de tout temps récusé sa condamnation qui, selon eux, était une stratégie pour liquider «un potentiel candidat à la présidence de la République».

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