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Sénégal : La confrérie Tidiane et les veillées spéciales du "Maouled"

- La confrérie Tidiane célèbre dans la ferveur, dans la nuit de jeudi à vendredi, l’anniversaire marquant la naissance du Prophète Mohamed (Psl), dite (Maoueld)

Esma Ben Said  | 27.11.2017 - Mıse À Jour : 27.11.2017
Sénégal : La confrérie Tidiane et les veillées spéciales du "Maouled"

Dakar

AA/ Tivaouane (Sénégal)/ Alioune Ndaye

Chez la communauté Tidiane, estimée à 49% de la population selon des chiffres officiels, la célébration de la naissance du prophète Mohamed (Psl), ne se limite pas à la 12ème nuit de Raabi’ al-Awwal (3ème mois de l'hégire, calendrier musulman). Elle commence à la première nuit du mois lunaire et se poursuit jusqu’à la 10ème.

A cet égard, des airs fredonnés avec grande ferveur et amplifiés par les hauts parleurs des mosquées animent, depuis dimanche 19 novembre, les soirées du Sénégal. Ces séances de dévotion nocturne annoncent à chaque année l’arrivée du Maouled qui se tiendra, cette année, dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre.

Dans la cour de la grande mosquée, Idrissa Faye s’affaire autour des récipients pour les ablutions. Sa tunique de couleur verte renseigne à bien des égards de son statut. Habitant de Saint Louis (Nord du Sénégal), le membre du Coskas (comité d’organisation au service du khalif Ababacar Sy) dit être dans la ville depuis deux semaines.

A Tivaouane, le Maouled appelé communément Gamou ne se résume pas à cette 12ème nuit de Rabi’ al-Awaal. La commémoration commence au premier jour du mois hégirien. «Pour les dix premières nuit du mois, sont chantés dans toutes les mosquées de la ville, les dix chapitres du poème de Mohamed Bousseyri ‘El Bourda’ (Le manteau) à raison d’un chapitre par nuit.

Institué par El Hadj Malick Sy (1847- 1922), principal propagateur de la confrérie Tidiane au Sénégal, ‘El Bourda’ était «un conclave» entre les sommités de la Tidiania. «El Hadj Malick Sy se regroupait avec ses mouhadams (compagnons à l’érudition avérée) venus des différents coins du pays à Tivaouane (région de Thiès), pour faire le point sur les activités menées et, ensuite, définir les tâches et missions pour chacun», note Abdoul Aziz Seck, un disciple bien au fait de l’histoire de la confrérie.

Une cérémonie officielle, qui verra comme à chaque année la présence de plusieurs représentants locaux et étrangers, dont une forte délégation marocaine, ouvre, dans la soirée, le début du Maouled. Une occasion pour Abdoul Aziz Sy, porte-parole du khalif général Cheikh Ahmet Tidiane Sy, de faire le traditionnel discours d’ouverture.

«Dans mon quartier, El-Bourda regroupe les quatre dahiras (associations d’adeptes) pour célébrer à la mosquée l’anniversaire de la venue au monde du meilleur des hommes», renseigne Moussa Gaye, membre d’un dahira à Rufisque. «C’est un moment de communion intense qui accueille chaque nuit plus de 200 fidèles», fait-il savoir.

«Pour chaque nuit nous louons Dieu et son prophète, chantons un chapitre d’El-Bourda et terminons par une causerie sur la vie et l’œuvre du prophète Mohamed (Psl)», fait savoir l’imam Abdoul Mbengue à la sortie d’une mosquée à la fin de la 5ème séance. «El-Bourda comprend dix chapitres. Elle est récitée intégralement lors des séances, à raison d’un chapitre par nuit», poursuit-il lors d’un entretien avec Anadolu.

A l’en croire les séances durent entre 1 heure 30 minutes et deux heures de temps.

«C’est l’un des poèmes les plus denses, écrits en l’honneur du prophète Mohamed», a relevé Assane Guèye revenant sur le Poème du manteau. Ce chanteur religieux est même convaincu que l’œuvre en question est couverte d’un «sceau mystique». «Son auteur s’est remis d’une paralysie du corps après l’avoir écrit», affirme-t-il à ce sujet, sous le regard approbateur de l’imam Mbengue.

Cheikh Fall, un citoyen, a affirmé «ne rater aucune séance» de ces soirées. «Je ne comprends pas la langue arabe dans laquelle est chantée le poème Al-Bourda, mais je me sens emporté à chaque fois que la mosquée vibre de cette sonorité», a-t-il assuré en ce sens.

Même ceux qui ne se rendent pas aux mosquées ont droit ‘’au privilège’’ des rimes du poème distillé par les amplificateurs de son des mosquées. «De retour à ma maison, je suis bercé sur tout le trajet par le chant d’El-Bourda ; d’un quartier à un autre, d’une mosquée à une autre. Je le suis avec attention», fait savoir Hamidou Seck qui quitte son lieu de travail à 22 heures.

«Allongée sur ma chaise pliante et chapelet à la main, je chantonne chaque fois avec les fidèles à la mosquée grâce à l’effet des hauts parleurs», témoigne pour sa part El Hadj Ndoye. Une récente opération subie, l’empêche malheureusement de se déplacer à la mosquée pour vivre en direct les séances.

A cela ne tienne, sur place ou éloignés, les fidèles font d’El-Bourda un événement de grande ferveur religieuse avec, en apothéose, la nuit de clôture (la 10ème) plus longue et plus animée. «La 11ème nuit c’est celle du repos en attendant le jour J», fait savoir l’imam Mbengue.

En cette nuit et dans la journée suivante, convergent en autobus, train ou tout autre moyen de transport les fidèles vers les foyers religieux de la Tidiane, particulièrement Tivaouane (région de Thiès) où par centaines de milliers ils célèbrent, jeudi, le Maouled.

Pareillement, un événement très couru se tient au 19 Rabi’ al-Awwal (8 décembre de cette année) et durant lequel les chants en l’honneur du prophète seront accompagnés par le rythme des tabalas (gros tambours fermés). Nuit de naissance, décade de nuits d’El-Bourda, baptême : au Sénégal le Maouled est, en effet, bien plus que l’affaire que d’une seule nuit.

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