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Sénégal : A Saint Louis, les mourides commémorent le retour d’exil de Cheikh Ahmadou Bamba

- Le Magalu ndam li (célébration de la victoire) se déroule du 27 au 30 novembre, pour mettre en lumière l’œuvre de Khadimou Rassoul (1853-1927) et célébrer son retour au pays considéré comme une victoire sur le colonisateur français

Alioune Ndiaye  | 29.11.2024 - Mıse À Jour : 29.11.2024
Sénégal : A Saint Louis, les mourides commémorent le retour d’exil de Cheikh Ahmadou Bamba

Senegal

AA/ Dakar/ Alioune Ndiaye

La communauté mouride de Saint Louis, dans le nord du Sénégal, sous la direction de Eukhlou Khidma (une organisation affiliée au mouridisme), tient depuis mercredi le Magalu ndam li (la célébration de la victoire, en wolof) pour commémorer le retour d’exil de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (1853-1927), le fondateur du mouridisme.

Fondateur de cette confrérie à laquelle s’identifient aujourd'hui des millions de fidèles, Ahmadou Bamba, encore appelé Serigne Touba (le guide de Touba), a été déporté par l’administration coloniale française en septembre 1895 au Gabon où il a vécu en exil pendant sept ans, avant de rentrer au pays.

« En 1902, de retour au pays, Cheikh Ahmadou Bamba a quitté Dakar pour venir ici à Saint Louis où il a vécu pendant 15 jours. Pendant ce séjour, beaucoup de liens ont été tissés entre la ville et le Cheikh », a indiqué le président du comité d’organisation de l’événement, Mamadou Lamine Diop.

« On s’est rendu compte qu’il y a beaucoup de choses qui méritent d’être transmises au grand public, des valeurs qui méritent d’être rehaussées à leur juste niveau. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’organiser cet événement », a-t-il fait comprendre.

Récital du coran, déclamation de khassaides (poèmes religieux) et causeries sur l’islam et les tarikhas ont ainsi ponctué les deux premières journées, d’après des témoignages recueillis sur place. Ces mêmes sources ont fait état d’une affluence moyenne pour cette première édition.

« Le Magalu ndam li est destiné à célébrer le Cheikh et aussi à mettre en lumière et à vulgariser les valeurs du mouridisme », a dit Diop, espérant une montée en puissance de l’événement qui est à sa toute première édition.

Placé sous le thème ‘’ La contribution des tarikhas (confréries) à la construction de la paix nationale et au développement du pays’’, il se tient, d’après les organisateurs, avec la bénédiction du Khalife général de la confrérie mouride et des khalifes des autres confréries du pays.

« En collaboration avec toutes les confréries, nous travaillons à vulgariser ce qu’elles représentent et l’apport qu’elles peuvent apporter au développement, à la promotion de l’identité sénégalaise et à la stabilité du pays », a noté Diop, faisant savoir que les restitutions de l’atelier de concertation entre les tarikhas vont être consignées dans un document qui sera remis aux khalifes des différentes confréries.

Outre l’aspect religieux, une exposition culturelle avec le concours du centre de recherche et de documentation du Sénégal, en collaboration avec l’université Gaston Berger de Saint Louis, s’est tenue jeudi à la place Baya Ndar, au cœur de la ville.

L’exposition a fait focus sur Cheikh Ibrahima Fall, un fidèle compagnon de Serigne Touba qui demeure, selon la thématique de l’exposition, « un modèle exemplaire d’intégration religieuse et de réussite socioéconomique».

Un colloque sur l’économie sociale et solidaire a aussi eu lieu mercredi, pour permettre aux jeunes et femmes des dahiras (organisations de fidèles) de bénéficier de l’expertise de structures étatiques dans la formation entrepreneuriale.

« En tant qu’associations religieuses du Mouridisme, nous avons les mêmes valeurs que l’économie sociale et solidaire », a posé le président du comité d’organisation, Diop.

L’activité religieuse et culturelle prend fin samedi dans la soirée avec une procession des dahiras autour de déclamations de khassaides et de zikr à travers les artères de la ville pour marquer cette date historique du retour d’exil de Khadimou Rassoul, autre appellation de Serigne Touba, considérée comme une victoire sur le colon français.

Guide soufi, Ahmadou Bamba a été un résistant pacifique à la colonisation française. Son œuvre a été d'abord perpétuée par ses fils et aujourd’hui ses petits-fils dont le khalife actuel de la confrérie Cheikh Mountakha Mbacké, établi à Touba (centre du pays) la capitale du mouridisme.

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