Afrique

Rwanda : 27 ans après … les génocidaires sont toujours en liberté

- Des militants affirment que de nombreux suspects échappent à la loi en se réfugiant dans des pays africains voisins.

Ekip  | 06.04.2021 - Mıse À Jour : 07.04.2021
Rwanda : 27 ans après … les génocidaires sont toujours en liberté

Rwanda

AA / Rwanda

27 ans après l’un des pires génocides qu’ait connu le monde, au Rwanda, les auteurs de cet abominable crime restent toujours dans l’impunité.

Mercredi, à la veille de la commémoration de cet événement, l’Unité rwandaise de suivi des fugitifs du génocide (GFTU) a révélé que plus de 1 000 suspects ont trouvé refuge dans différents pays, dont la France, les États-Unis, les Pays-Bas et le Canada.

Entre le 7 avril et le 15 juillet 1994, environ un million de personnes, principalement issues de la communauté ethnique tutsie et des Hutus modérés, ont été tuées en 100 jours.

De nombreux rescapés du génocide, tel que Jonathan Sindikubwabo, se demandent quand la justice sera faite.

"Ceux qui ont les mains tâchées de sang de notre peuple devront être tenus responsables. Les pays qui les protègent doivent les remettre puisqu’ils ne peuvent pas les poursuivre", a déclaré Sindikubwabo.

S'adressant à l'Agence Anadolu, Jean-Bosco Siboyintore, chef de l'Unité de suivi des fugitifs du génocide, a accusé ces pays protecteurs d'avoir été muets face à tous ces suspects au Rwanda, en l’absence de mobilisation et de volonté politique.

"Il y a un manque de volonté politique car certaines personnes qui sont censées appliquer les actes d'accusation n’y sont pas favorables ou n'attachent aucun intérêt à ce crime contre l’humanité, or le génocide demeure un crime international’’, a-t-il déclaré.

Sur les 1 100 fugitifs du génocide toujours en liberté, 408 se trouvent dans la République démocratique du Congo, 277 en Ouganda, 63 au Malawi, 15 au Burundi, 52 en Tanzanie, 47 en France, 42 au Congo Brazzaville et 40 en Belgique, selon les données de la GFTU.

Les experts estiment qu'il y a peu de chances que les autorités de la RD du Congo, du Burundi et de l'Ouganda agissent, car les suspects se présentent en tant que ressortissants de ces pays rejetant leur appartenance à la communauté linguistique kinyarwanda avec laquelle ils partagent la langue.

Beaucoup se font passer pour des Congolais d'origine Banyamulenge, Burundais et Ougandais d'origine Bufumbira qui parlent la langue kinyarwanda.

Fausses identités

"Ces fugitifs ont eu recours à de fausses identités, sous de fausses nationalités et de faux noms, ce qui pose un énorme problème pour les retrouver", a déclaré Siboyintore.

D'autres pays pensaient accueillir les auteurs de crime et les sauver, notamment le Kenya, où 35 assassins y ont trouvé refuge. Entre autres, 23 se cacheraient aux États-Unis, 18 aux Pays-Bas et 14 au Canada.

Alors que le parquet rwandais travaille en partenariat avec l’Association des procureurs africains pour poursuivre ces fugitifs, l’absence de traités d’extradition avec certains pays rend, en partie, leur tâche difficile.

Le Rwanda a jusqu'à présent signé des traités d'extradition avec 10 pays, sur les 30 où les suspects avaient fuis.
Siboyintore a déclaré que son organisation avait préparé des preuves qui pourront être revues. Selon la procédure qui a conduit à l'acte d'accusation, les États hôtes sont invités à se rendre

sur les lieux du crime au Rwanda pour mener leurs enquêtes.

Il a déclaré que les procédures excessivement longues ont prouvé que la justice ne sera pas rendue aux victimes et qu'il n'y aura pas de clôture des affaires.

Il a dans ce sens ajouté, qu'en l'absence d'un système d'identification numérique, il devenait difficile d'identifier les coupables dans les pays africains.

«Certains des suspects sont devenus des citoyens naturalisés dans les pays d'accueil, où ils ont cherché refuge. Certains pays n'ont pas de lois pour punir le crime de génocide », a indiqué Siboyintore.

Le mécanisme traditionnel de résolution des conflits du Rwanda, Gacaca, qui a achevé ses travaux en 2012, a jugé près de 2 millions de suspects en 10 ans.

Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) créé en novembre 1994 a exercé à Arusha, en Tanzanie, où il a condamné 61 personnes à la réclusion à perpétuité pour leur implication dans les massacres. Il a également acquitté 14 personnes, tandis que 10 autres ont été déférées aux tribunaux nationaux.

* Traduit de l'anglais par Hajer Cherni.

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