Monde, Afrique

Rome et Tripoli examinent la réactivation de l'ancien Traité d'amitié

- Au cours d'une rencontre du chef du gouvernement d'Union nationale libyen, Abdulhamid Dbeibeh, avec son homologue italienne, Giorgia Meloni, à Tripoli

1 23  | 28.01.2023 - Mıse À Jour : 29.01.2023
Rome et Tripoli examinent la réactivation de l'ancien Traité d'amitié

Libyan

AA/Libye/Moataz Ounis

L'Italie et la Libye ont examiné, samedi, la possibilité de réactiver le Traité d'amitié signé entre les deux pays, il y a de cela 14 ans.

C’est ce qui ressort d’une entrevue entre le chef du gouvernement d'Union nationale libyen, Abdulhamid Dbeibeh, avec son homologue italienne Giorgia Meloni, à Tripoli.

A l'issue des entretiens, Dbeibeh a souligné, au cours d'une conférence de presse animée conjointement avec Meloni, avoir « discuté du développement de la coopération avec l'Italie dans les domaines de l'immigration clandestine, de la coopération économique, ainsi que du renforcement de la coopération bilatérale, à travers la réactivation du Traité d'amitié signé entre la Libye et l'Italie en 2008 ».

L'Italie avait reconnu, le 30 août 2008, par le biais de son président du Conseil de l'époque, Silvio Berlusconi, « les préjudices subis par le peuple libyen et la responsabilité éthique » de son pays durant la période du colonialisme italien.

Immédiatement après cette déclaration, un Traité d'amitié avait été signé entre les deux pays dans la ville de Benghazi (est de la Libye).

Ce Traité engage l'Italie à « verser une indemnité financière de l'ordre d'un quart de milliard de dollars annuellement, sur une période de 20 ans, parallèlement à la construction d'hôpitaux en Libye ». Toutefois, ce Traité n'a pas été mis en œuvre jusqu'à aujourd’hui.

Dbeibeh a, à ce sujet, mis l'accent sur « l'impératif d'accorder la chance aux Comités techniques mixtes pour réactiver les mémorandums d'entente communs conclus entre les deux parties, ce qui contribuera à faire progresser les processus de développement et de construction ainsi que le caractère pacifique du processus politique pour empêcher le retour de la guerre et ce, avec l'appui de la partie italienne ».

Evoquant l'accord dans le domaine énergétique, signé aujourd'hui entre la compagnie nationale libyenne de pétrole NOC et la compagnie italienne ENI, Dbeibeh a relevé que « la position italienne est claire et consiste à sécuriser la situation en Méditerranée et à réduire la tension entre nous », dans une allusion faite aux derniers différends survenus entre la Libye et ses voisins en Méditerranée.

« Nous demeurons confiants quant à la capacité de l'Italie à œuvrer dans ce sens, tout particulièrement après les efforts déployés par Meloni pour rapprocher les points de vue entre les pays concernés par le soutien de la paix en Libye », a-t-il encore dit.

Les deux compagnies de pétrole, italienne et libyenne, ont signé, samedi, un contrat gazier d'une valeur de huit milliards de dollars, ce qui est considéré comme le plus grand investissement dans le secteur énergétique en Libye depuis près de deux décennies.

Dbeibeh a évoqué, également, la crise politique dans son pays, en relevant que « la stabilité de la Libye aboutira à mettre fin aux phases transitoires à répétition et à atteindre la stabilité permanente à travers des élections nationales transparentes et inclusives ».

La Libye est en proie à des troubles depuis que l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi a été évincé du pouvoir en 2011, après quarante ans de règne.

La situation s'est aggravée en mars dernier, lorsque le parlement libyen a nommé un nouveau gouvernement dirigé par l'ancien ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha, mais le premier ministre, Abdulhamid Dbeibeh, assure qu'il ne cédera le pouvoir qu'à un gouvernement issu d'un « Parlement élu », faisant craindre que la Libye ne replonge dans la guerre civile.

Pour résoudre cette crise, les Nations Unies parrainent des négociations entre les deux protagonistes, afin de parvenir à une « Base constitutionnelle », socle des prochaines élections. Toutefois, ces pourparlers trébuchent depuis une longue période.

De son côté, Giorgia Meloni a souligné, au cours de la conférence de presse, que « la Libye peut compter sur l'Italie, concernant la stabilité politique, et nous pouvons envisager le projet de tenir des élections en Libye dans un laps de temps court ».

L'Italie forme l'espoir, selon sa présidente du Conseil, de voir le gouvernement d'Union en Libye s’engager à tenir des élections selon des étapes concrètes, dans le cadre des efforts consentis par les Nations Unies ».

Au sujet de l'accord énergétique signé samedi, Meloni a estimé que ce texte permettra de « relancer une série d'initiatives pour garantir la pérennité et la multiplicité des sources énergétiques et d'aider l'Europe à s'approvisionner en énergie en cette période difficile, et qui permettra aussi de faire de la Libye un partenaire principal et important pour l'Italie ».

Meloni a soulevé, également, au cours de son point de presse un autre accord signé aujourd'hui, relatif celui-là à la lutte contre l'immigration clandestine.

Elle a indiqué, à ce propos : « Nous avons signé un mémorandum d'entente entre les ministères de l'Intérieur libyen et italien pour lutter contre l'immigration clandestine ».

« La coopération avec la Libye dans le domaine de l'immigration et de la lutte contre la traite des êtres humains est un dossier essentiel pour nous », a-t-elle insisté.

Elle a, néanmoins, indiqué que « malgré les efforts déployés par les autorités libyennes, il n'en demeure pas moins que le nombre des migrants clandestins qui accèdent à l'Italie depuis la Libye reste élevé et a augmenté de 50% ». « Nous nous engageons à aider la Libye pour gérer ces flux », a-t-elle ajouté.

Dans les régions du nord-ouest de la Libye s'active ce mouvement d'immigration clandestine, en particulier, dans les villes de Sabratha (70 km à l'ouest de la capitale) et de Zouara (120 km à l'ouest de Tripoli). Plusieurs groupes exploitent, à cet effet, la scission politique et la dégradation de la situation sécuritaire qui prévalent dans le pays.

Les embarcations de fortune prennent le large depuis ces zones en direction des côtes européennes, en particulier, les côtes italiennes.


*Traduit de l'arabe par Hatem Kattou




Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.