AA / Kinshasa / Fiston Mahamba

Le colonel John Tchibangu, ancien officier de l'armée Congolaise qui a fait défection depuis 2012 et arrêté en Tanzanie fin janvier, a été extradé lundi matin à Kinshasa, a appris Anadolu de sources sécuritaires.

"John Tchibangu est officiellement logé dans le complexe hôtelier du renseignement militaire. Il est arrivé tôt le matin", a dit à Anadolu le général Delphin Kahimbi, directeur du service de détection militaire des activités anti-patrie, Demiap (renseignement militaire).

L’officier militaire précise que l'ex-officier de l'armée congolaise, qui dirige un groupe rebelle depuis, sans défection, a été sommairement auditionné par les services de renseignements.

"Il lui a été officiellement signifié son statut de détenu et devrait se préparer à répondre aux milliers de questions sur sa rébellion, ses démarches, ses contacts politiques, son réseau extérieur, y compris ses connexions avec des groupes terroristes", a détaillé l'officier de l'armée congolaise joint par Anadolu.

"Il nous fournira également des réponses sur les questions en rapport avec le jeu des acteurs régionaux dans son complot", a conclu Delphin Kahimbi.

Dans un communiqué de presse diffusé depuis Dar-es-Salam et signé par Thierry Kyalumba Kabonga, porte-parole de ce chef rebelle et membre du directoire du Front du peuple congolais pour le changement et la démocratie, FPCD, le mouvement politico-militaire dirigé par John Tchibangu, cette rébellion confirme l'extradition de son dirigeant en RDC depuis la Tanzanie.

"A ce stade des événements et craignant pour sa sécurité, la direction du FPCD exige du gouvernement congolais de présenter le lieutenant-général John Tchibangu vivant devant la presse tant nationale qu'internationale et devant les associations de droits de l'homme", note ce document dont Anadolu a reçu une copie.

Réagissant à cette extradition, Paul Nsapu, secrétaire général de la Fédération internationale des droits de l'homme, a fustigé l'opacité qui a entouré le transfert de ce chef rebelle entre la Tanzanie et la RDC et exige des deux gouvernements la communication sur cette extradition.

"La RDC doit présenter John Tchibangu au public, à la presse et aux organisations de droits humains, car il y va de l'intégrité physique et morale de cet officier extradé", a déclaré Paul Nsapu, joint au téléphone par Anadolu.

"Bien que la Fédération internationale des droits de l'homme désapprouve toute pratique de prise et de conservation du pouvoir par les armes et la violence, nous exigeons qu'on montre John Tchibangu vivant pendant qu'il est encore entre les mains de services de renseignements militaires", a insisté ce défenseur des droits de l'homme vivant en exil.

Il souligne que son organisation suivra de près le dossier en vue de se rassurer que cet ancien officier de l'armée congolaise bénéficie d'un procès équitable.

Mi-janvier, le colonel John Tchibangu avait promis de renverser le régime de Kinshasa si Kabila ne démissionne pas dans 45 jours.

Dans un échange par messagerie avec le correspondant d’Anadolu, ce chef rebelle avait confirmé que son mouvement compte plus des 5000 hommes.

Dans un rapport publié le 26 juillet dernier sur la République démocratique du Congo, un groupe d'experts de l'ONU avait expliqué qu'une rébellion congolaise active dans la province de l'Équateur, dans le nord du pays, utilise le territoire centrafricain comme base de recrutement de combattants.

Le document onusien cite l'arrestation à Bangui d’un individu proche du colonel John Tshibangu et qui avait avoué que "sa mission en RCA, consistait à recruter entre 500 et 1000 combattants centrafricains en vue de mener l’insurrection en RDC".