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RDC-Rwanda : des experts espèrent que le nouvel accord de paix atténuera la crise humanitaire

- Plus de 6,7 millions de déplacés internes en RDC sont concernés, selon les données de l'Onu

Hassan Isilow  | 29.06.2025 - Mıse À Jour : 29.06.2025
RDC-Rwanda : des experts espèrent que le nouvel accord de paix atténuera la crise humanitaire

Ankara

AA / Tunis

Des experts expriment l'espoir que le nouvel accord de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda permettra de mettre fin au conflit à l'est de la RDC et atténuera la crise humanitaire dans la région.

Plus de 6,7 millions de déplacés internes en RDC sont concernés, selon les données de l'Onu, publiées l'année dernière.

De nombreux Congolais ont trouvé refuge dans des pays voisins tels que l’Ouganda, le Rwanda, la Tanzanie et le Burundi, dans un contexte de baisse de l’aide des donateurs, qui a contraint le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU à réduire, voire à supprimer, les rations alimentaires dans certains pays.

« Des centaines de milliers de personnes déplacées à l’intérieur du pays et de réfugiés ayant fui le conflit au Congo retourneront certainement chez eux. Ce conflit a causé d’immenses souffrances, notamment aux femmes et aux enfants », a déclaré Harold Acemah, analyste politique et ancien diplomate ougandais, à Anadolu.

Les affrontements dans l’est du Congo entre les rebelles du M23 et les forces gouvernementales, jusqu'en février 2025, ont poussé au moins 500 000 personnes à l'exode et ont coûté la vie à plus de 3 000 personnes, selon le Centre africain d'études stratégiques.

Le conflit a perturbé l’acheminement de la nourriture, des médicaments et des aides humanitaires. De nombreuses zones restent inaccessibles en raison de l’insécurité, laissant les déplacés sans produits de première nécessité.

Acemah a salué l’accord de paix signé vendredi à Washington comme une avancée positive qui devrait être soutenue par tous les membres de l’Union africaine. « Ils devraient jouer un rôle pour garantir sa mise en œuvre », a-t-il ajouté.

L’accord, négocié par les États-Unis, repose sur les principes fondamentaux énoncés dans la déclaration commune signée le 23 avril entre les deux pays.

Il répond aux principales préoccupations de la RDC, notamment le respect de son intégrité territoriale, le désarmement des groupes armés et la mise en œuvre de mesures pour restaurer une stabilité durable dans la région.

Il prévoit notamment un cessez-le-feu entre les deux armées.

La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, qui a signé l’accord, a salué cette initiative, y voyant non seulement une victoire diplomatique, mais aussi un triomphe pour le peuple congolais.

Son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, a souligné que l’accord repose sur l’engagement d’en finir, de manière irréversible et vérifiable, avec tout soutien étatique aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et aux milices associées.


Retour sûr des réfugiés

Acemah espère que, si l’accord est appliqué, il permettra le retour en toute sécurité de millions de Congolais vivant dans des camps de déplacés ou réfugiés à l’étranger.

Il se dit optimiste quant au respect de l’accord, du fait de l’implication des États-Unis, une puissance majeure, et espère qu’il permettra aussi la reprise de l’acheminement de l’aide humanitaire.

« Tous les pays de la région devraient encourager la RDC et le Rwanda à respecter cet accord dans l’intérêt de leurs citoyens et de la région », a-t-il déclaré.


Optimisme prudent

Buchanan Ismael, politologue à l’Université du Rwanda, a confié à Anadolu que les réfugiés espèrent que les deux parties respecteront l’accord pour pouvoir rentrer chez eux.

Selon lui, le gouvernement congolais doit s’engager à accueillir les milliers de réfugiés kinyarwandophones qui avaient été précédemment rejetés ou considérés à tort comme rwandais.

« C’est à la RDC d’accepter de les accueillir et de prendre soin d’eux », a-t-il souligné.

Il a rappelé que de nombreuses négociations de paix ont été organisées, notamment dans le cadre du processus de Luanda, à Nairobi ou à Doha, mais sans succès ni mise en œuvre réelle.

« Je suis très pessimiste. Si l’accord de Washington ne met pas l’accent sur des mesures concrètes, nous serons bientôt en train de raconter une autre histoire », a-t-il estimé.

Il a, toutefois, ajouté que si l’accord est effectivement respecté par les deux parties, les réfugiés pourraient avoir une chance réelle de rentrer chez eux.

« Je pense que beaucoup de réfugiés attendent des deux parties qu’elles respectent ce pour quoi elles se sont engagées », a-t-il conclu.


Réduction de la violence

« Nous espérons que cet accord de paix entraînera une réduction de la violence dans la région du Kivu, mais il est encore trop tôt pour en juger. Il y a déjà eu des négociations dans le passé qui n’ont pas abouti. Donc nous restons optimistes, mais prudents », a déclaré Stephan Goetghebuer, coordinateur de programme pour l’ONG Médecins sans frontières (MSF), à Anadolu.

Selon lui, si l’accord permet le désarmement des groupes armés, cela réduira la violence, notamment les violences sexuelles qui sont très répandues dans la région.

La paix permettrait aux organisations humanitaires de mieux venir en aide aux populations affectées, a-t-il précisé, ajoutant que MSF est généralement respectée par les groupes armés et n’a rencontré des difficultés d’accès que lors de combats intenses.

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