AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa

Les autorités congolaises ont ouvert l’année académique, mercredi, sur fond de grève générale, déclenchée par les professeurs, et de basculement de toutes les universités de la République démocratique du Congo (RDC) dans le système international LMD (Licence - Master - Doctorat).

Devant des recteurs des universités et des directeurs généraux des instituts supérieurs, le ministre congolais de l’Enseignement supérieur et universitaire, Muhindo Nzangi a donné le coup d'envoi de la première année sous le système LMD, assurant que le gouvernement va accompagner ce basculement.

« L'aboutissement de la réforme LMD apparaît comme une véritable opportunité de transformation effective de notre système éducatif du supérieur, dans le sens qu'elle pousse les établissements à former des cadres qualifiés, compétents, répondant à l'adéquation formation-emploi pour servir la communauté", a déclaré Nzangi.

Les délégués des professeurs ont boycotté cette cérémonie. Dans un communiqué publié la veille, les syndicats accusent le gouvernement de laisser les professeurs dans des conditions de vie et de travail « d'une précarité sans pareil ».

Les professeurs disent constater avec amertume, la « mauvaise foi manifeste du Gouvernement » qui a signé à plusieurs reprises des compromis avec eux sans les respecter.

Les grévistes affirment avoir perdu 40% de leur pouvoir d’achat à cause de la dévaluation de la monnaie congolaise et les retenues fiscales.

En RDC, un professeur ordinaire gagne environ 1350 dollars. Leur syndicat revendique 2100 dollars mensuellement, en plus de l’assurance santé, vie, y compris la facilité de la mobilité et d’accès au crédit pour leurs logements. En plus des professeurs, les chefs de travaux et assistants ont également entamé une grève, exigeant des améliorations salariales.

Selon leur syndicat, avec 260 dollars mensuellement pour un chef de travaux, 109 pour un assistant, ce traitement s’apparente à une « méchanceté notoire » de la part des décideurs.

Interrogé par l'Agence Anadolu sur l’issue de l’année qui commence sous la grève, le ministre de l’Enseignement Muhindo Nzangi a affirmé que « le Premier ministre est engagé à les rencontrer avant la fin de cette semaine pour entamer un dialogue avec les professeurs ».

Il a prévenu que le calendrier académique était « trop serré », mais qu’une grève « de deux mois va nous obliger d’annuler l’année académique ».

La grève enclenchée a une durée de 21 jours, renouvelable après évaluation, selon les professeurs qui affirment, toutefois, rester ouverts à « tout échange de nature à apporter des réponses concrètes aux revendications légitimes ».

Les années académiques congolaises sont généralement élastiques, interrompues par des grèves des professeurs et des étudiants.