Afrique

RDC: Quand les caricaturistes prennent les « armes douces»

- « Par la caricature je cherche à libérer le rêve congolais, celui de la paix, de la sécurité, de la croissance économique et de la liberté d’expression…oui c’est possible» (le jeune caricaturiste Edison Musavuli)

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 12.05.2017 - Mıse À Jour : 12.05.2017
RDC: Quand les caricaturistes prennent les « armes douces»

Congo, The Democratic Republic of the

AA/ Kinshasa/ Joseph Tsongo 

En République démocratique du Congo où le régime en place fait face à des contestations politiques et sociales, la caricature est de plus en plus dans l’air du temps. Les caricaturistes tentent de déjouer « les restrictions à la liberté d’expression » en maniant subtilement le crayon et les mots.

Edison Musavuli, la vingtaine, s’est fait un nouveau bon sentier et dit porter la voix des « opprimés ». Il use de son talent et s’exprime à travers ses représentations artistiques, non sans satire.

« Par la caricature je cherche à libérer le rêve congolais, celui de la paix, de la sécurité, de la croissance économique et de la liberté d’expression…oui c’est possible», dit-il.

Au commencement c’était la passion pour Musavuli : « Je dessine depuis mon jeune âge, c’est mon amour inconditionnel pour le dessin animé qui m’a canalisé vers la caricature, vu la fine ressemblasse qu’il y a entre les deux champs de l’imagination… ».

Le jeune artiste a commencé à dessiner pour le journal mensuel (Kngele) paraissant dans l’Est du pays à l’âge de 18 ans. Aujourd’hui, il travaille aussi pour (Habari-RDC), grande plate-forme de blogueurs congolais, et parfois pour le site (This Is Africa).


- La caricature, nouveau moyen expression en RDC

« Bien que la caricature ne soit pas une culture bien installée chez nous en RDC, pour moi, c’est une arme douce de lutte…j’observe minutieusement ce qui se passe dans mon pays et reviens prendre les avis des uns et des autres, pour enfin me mettre à l’œuvre. Bref, je dessine les larmes du peuple congolais, face à un régime très agressif», affirme Musavuli.

Pour lui, la caricature a encore de beaux jours devant elle, les autres formes et moyens d’expression étant à bout de souffle et n’intéressant plus autant un grand public. Ils sont nombreux les jeunes caricaturistes comme lui, à penser, que la satire pourrait changer une réalité amère: " Le rire intelligent peut changer bien des choses. Les sentiers battus et les méthodes classiques, les gens en ont marre. Le temps est à la critique intelligente, soutient un autre caricaturiste congolais qui a requis l'anonymat.


- La caricature pour changer

La caricature n’a, selon le jeune caricaturiste, pas un super-pouvoir, mais on peut s’en servir pour dénoncer telle ou telle incorrection ou pour une prise de conscience qui conduirait au changement. Dans cette optique, s’inscrit le dessin caricatural signé par Edison Musavuli : « Et si la police congolaise affichait ses couleurs».

Ce dessin récemment publié dans le blog de Habari-RDC, critique les agissements de la police nationale congolaise face aux membres des mouvements citoyens. « Pour moi, l’idée est d’interpeller la police nationale congolaise sur ses réactions agressives et dangereuses. Des actes belliqueux contre une population non armée et inoffensive, que la même police est d’ailleurs censée protéger ! », fait-il remarquer.

Le jeune caricaturiste ne fait, par delà, pas que dénoncer. Il lui arrive d’encourager une réussite ou une autre, nuance-t-il.

La RD.Congo vit une crise politique et sécuritaire dont les populations payent le lourd tribut. Un blocage politique perdure en raison du maintien du président Joseph Kabila à la tête du pouvoir au-delà de son deuxième et dernier mandat constitutionnel qui a pris fin le 19 décembre dernier.

Des violences ont également éclaté dans le centre du pays depuis l’assassinat, en août dernier, par les forces de l’ordre d’un chef traditionnel, Kamwina Nsapu.
Ces violences ont fait plus de 400 morts depuis le début de la crise en août 2016.

L’est du pays est depuis des décennies secoué par une instabilité persistante, en raison de la présence de dizaines de groupes armés qui se disputent le contrôle des richesses minières du deuxième plus grand pays d’Afrique.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın