RDC : les 100 premiers jours de “combats” du Gouvernement de Sama Lukonde

Kinshasa
AA - Kinshasa - Pascal Mulegwa
En République démocratique du Congo (RDC), le gouvernement dirigé par Sama Lukonde célébrait mercredi ses cent jours à la tête du pays avec un bilan plutôt mitigé marqué notamment par un regain des violences et l'instauration de l'état de siège dans deux provinces de l'est du pays.
Le 12 avril 2021, Félix Tshisekedi, après avoir rallié la majorité parlementaire de son prédécesseur Joseph Kabila, à sa cause, nomme son tout premier gouvernement, les mains libres.
Ce mercredi 4 août, le premier ministre et ses 56 membres du gouvernement, dont 4 vice - premiers ministres, 9 ministres d’Etat, 31 ministres, une ministre déléguée et 11 vice - ministres bouclent leurs 100 premiers jours au gouvernement.
Ils avaient tous été investis, le 24 avril sous les acclamations de leurs partisans, massés dans le hall d’entrée de l’Assemblée nationale.
Pour marquer les 100 jours de son gouvernement, le Premier ministre a organisé une messe à laquelle le président Tshisekedi a été convié. « Aujourd'hui, nous voulons notre action beaucoup plus sur le terrain. Et nous voulons, réitérer ce message d'espoir, de cohésion nationale autour de notre pays » a déclaré le chef du gouvernement. Il a adressé une pensée aux compatriotes qui sont dans des zones à conflit à l'Est de la RDC et qui « souffrent en ce moment », a-t-il reconnu.
Les « warriors » à l’épreuve
Le gouvernement est surnommé équipe « des warriors », des guerriers. Mais seulement quelques jours après, l’état de siège était proclamé dans deux des provinces du pays, le Nord – Kivu et l’Ituri où des groupes armés règnent en maitre sur plusieurs territoires et massacrent des civils.
Moins d’un mois après son investiture, c’est l’éruption du volcan Nyiragongo au Nord de la ville de Goma (est), qui perturbe le programme du gouvernement. La catastrophe provoque une crise humanitaire ayant contraint des centaines de milliers d’habitants à quitter la ville.
Les réussites du premier gouvernement pro-Tshisekedi après deux années de tensions avec la coalition de son prédécesseur sont sans doute la signature en temps record d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) qui doit ouvrir la voie à des réformes et au versement de 1, 5 milliards USD sur trois ans, la hausse des réserves de change qui sont passées de 500 millions USD à 1, 2 milliards USD et l’accroissement des recettes publiques, relevé-t-on.
En dépit de ces réalisations, « la mauvaise gouvernance a persisté et s’est amplifiée, les secteurs pauvres sont ignorés, le gros du budget est orienté vers des institutions politiques, presque pas de dépenses d’investissements, la corruption est restée un mode de gestion », affirme le professeur Florimond Muteba, directeur de l’observatoire pour la dépense publique (ODEP), une ONG congolaise spécialisée dans les finances publiques.
En 100 jours, Sama Lukonde a été confronté à une grogne sociale dans le secteur public. Des médecins ont séché les hôpitaux deux semaines durant, exigeant des améliorations salariales, la capitale Kinshasa a totalisé une semaine sans bus de la compagnie publique des transports (TRANSCO) à cause d’une grève des agents.
Une tension qui va aussi envenimer le climat politique : à cause du processus de désignation des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la nouvelle coalition de Tshisekedi [ Ndlr : Union sacrée pour la Nation] connait ses premières dissensions et le ton monte entre l’influente Eglise catholique et le parti présidentiel, l’union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Bain de sang sous l’état de siège
Le même jour de l’investiture du gouvernement, le Premier ministre qui soulignait l'urgence de la pacification du pays, en particulier à Beni et en Ituri, la violence reprenait de plus belle : trois attaques en une journée.
Militaires et civils étaient ciblés aux environs de Kanaima et près de Halungupa, dans le territoire de Beni. Le bilan est d’une dizaine de morts
Les attaques sont attribuées aux combattants des forces démocratiques alliés (ADF) présenté par Daesh comme sa branche en Afrique centrale.
La situation se dégrade même après la proclamation de l’état de siège sans la mise en place préalable d'un budget alloué aux opérations militaires. Une nouvelle forme de violences apparait : la ville de Beni déjà sous le joug des massacres des ADF depuis 2014 enregistre des attaques à la bombe artisanale.
Les combattants ADF en ont également profité pour étendre leur zone d'action au-delà du Nord-Kivu, pour toucher les territoires de Mambasa et d’Irumu en Ituri.
Mais à en croire le ministre de la Défense, Gilbert Kabanda, joint par Anadolu, cette forme aggravée de l’état d’urgence a « permis à l’armée de reprendre quelques localités, de provoquer des redditions dans les rangs des combattants et pour l’armée de maitriser la situation réelle et contrôler sa gestion ».
Le ministre reconnait toutefois que son secteur censé juguler la violence dans l’est est le « casse-tête de tous les gouvernements » qui se sont succédés : « c’est un défi énorme que nous comptons surmonter ». Lorsque le ministre parle du contrôle interne, il rappelle substantiellement que plus de vingt officiers ont été mis à la disposition de la justice militaire pour des détournements avérés des fonds alloues aux opérations dans les provinces sous état de siège ».
La « troisième vague » de COVID – 19
Les 100 jours ont été troublés par la pandémie de Covid – 19 avec une troisième vague plus virulente que les deux précédentes.
Le pays est passé d’une moyenne de 50 cas en avril à 500 cas par jour. Mais trois mois après, la courbe est tombée.
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