RDC: le Royaume-Uni condamne l’occupation de la ville de Goma
- Le ministère des Affaires étrangères britannique annonce également qu’il réexaminera son soutien au Rwanda, qui nie toute implication dans l’attaque de la ville par les rebelles du M23.
London, City of
AA / Londres / Ahmet Gurhan Kartal
Le Royaume-Uni a condamné, ce jeudi, l'« occupation » de la ville congolaise de Goma, située à la frontière du Rwanda, et a annoncé qu’il envisageait « la possibilité d’une révision de tout le soutien britannique au Rwanda », ce dernier étant accusé de soutenir les rebelles qui ont pris d'assaut la ville.
Un communiqué du ministère britannique des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement a qualifié l'occupation de Goma et d'autres territoires de la République Démocratique du Congo par le groupe M23 -avec le soutien présumé des Forces de Défense rwandaises (RDF)- d’« une violation inacceptable de la souveraineté de la RDC et de la Charte des Nations Unies, qui représente un grand risque pour la stabilité régionale. »
« Le Royaume-Uni appelle au retrait immédiat de toutes les RDF du territoire congolais », a-t-il affirmé.
Un porte-parole du ministère a précisé que, dimanche, le secrétaire aux Affaires étrangères avait dit au président rwandais Paul Kagame qu’une attaque contre Goma « provoquerait une réponse forte de la communauté internationale.
Le 29 janvier, le ministre britannique pour l’Afrique, Lord Collins, a clairement indiqué au Haut-Commissaire rwandais que les actions du Rwanda dans l’Est de la RDC étaient inacceptables et a exprimé une profonde inquiétude face aux informations selon lesquelles les M23 et les RDF avançaient à travers le Sud-Kivu en direction de Bukavu. »
« La situation humanitaire, déjà désastreuse avant la dernière offensive des M23 et des RDF, est désormais critique », a ajouté le porte-parole.
Il a précisé : « Plus de 800 000 personnes dans la région, qui étaient tributaires de l’aide, risquent de ne plus recevoir une assistance alimentaire et nutritionnelle vitale. Le Royaume-Uni appelle toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités, à faciliter l’accès humanitaire et à reprendre des discussions diplomatiques inclusives. Leur engagement de bonne foi dans des processus dirigés par l’Afrique sera essentiel. Il ne peut y avoir de solution militaire. »
Le communiqué ajoute que le Royaume-Uni « examine activement les prochaines étapes, en collaboration avec ses partenaires internationaux, y compris la possibilité d’une révision de tout le soutien du Royaume-Uni au Rwanda. »
Le M23 a lancé une offensive majeure la semaine dernière à Goma, une ville de près de 3 millions d’habitants. Cependant, la RDC a accusé le Rwanda d’avoir envoyé ses troupes dans la ville pour soutenir les rebelles.
Le Mouvement du 23 Mars (M23) avait été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Fardc, appuyées par les Casques bleus de la Monusco. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe "terroriste" et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour le Rwanda, le M23 représente une menace pour sa sécurité intérieure. Kigali accuse la RDC de collaborer avec des groupes armés, notamment les miliciens Wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), considérés comme responsables du génocide rwandais. Ces alliances, selon Kigali, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.
* Traduit de l’Anglais par Adama Bamba
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