RDC : Le président Tshisekedi délocalise le QG de l’armée
En pleines tensions avec Joseph Kabila

Kinshasa
AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa
Le Président congolais Félix Tshisekedi a demandé aux forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) de déménager de leur quartier général historique pour s’installer dans un camp militaire, dans l’un des coins malfamés de la capitale Kinshasa.
Dans un message à ses subalternes, le général d’armée, Celestin Mbala Munsense, a précisé que la décision vient de la « haute autorité ».
Il a demandé qu’elle soit exécutée « sans faille », car « il y a urgence ». Aucune raison officielle n’est donnée pour expliquer le départ de l’armée de son QG de Mont - Ngaliema, une colline qui donne une vue imprenable sur le fleuve Congo.
Des proches collaborateurs du président congolais qui accusent de nombreux généraux d’être proches de l’ancien président Joseph Kabila, ont avancé des raisons « stratégiques » et « sécuritaires » sans donner plus de détails.
Un membre du Conseil national de sécurité a néanmoins affirmé à Anadolu que l’Etat-major général des FARDC est « sur militarisé » et que le président, en plus d’y disposer de son cabinet officiel de travail, y loge avec sa famille. Sur la même colline siège le ministère congolais de La Défense, le QG de la Garde républicaine et un autre camp militaire.
Félix Tshisekedi est le premier président civil, qui n’a jamais connu de carrière militaire, à y habiter. Dans son message, le chef d’Etat-major général de l’armée congolaise a annoncé que son QG sera désormais au camp militaire Kokolo, qui jusqu’ici était le quartier général de la force terrestre.
Au début de son mandat, Félix Tshisekedi avait annoncé qu’il allait délocaliser le QG de l’armée de Kinshasa pour l’est de la RDC où sévissent une centaine de groupes armés nationaux et étrangers.
Il s’était dit « prêt à mourir » pour ramener la paix dans cette région, mais moins de deux ans après, il s’est empêtré dans une crise profonde avec son prédécesseur, Joseph Kabila, dont la coalition dispose de la majorité dans les deux chambres du parlement et occupe l’essentiel de postes ministériels en plus de disposer de la primature.
Tshisekedi qui tente de se défaire de l’influence de Kabila, a lancé lundi dernier des consultations pour former une « union sacrée ».
Le camp Kabila réuni au sein du front commun pour le Congo (FCC) a boycotté les consultations présidentielles.
Le FCC, en froid avec Tshisekedi depuis la nomination par ce dernier de trois nouveaux juges à la cour constitutionnelle, s’est néanmoins dit ouvert au dialogue, mais uniquement dans le cadre de l’accord conclu avec Tshisekedi.