RDC : le parti de Katumbi hausse le ton
- Après l’arrestation du président de la jeunesse de son parti, Jacky Ndala.

Congo, The Democratic Republic of the
AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa
Le parti de l’ancien gouvernement du Katanga dans le sud-est de la République démocratique du Congo, Moïse Katumbi, a haussé le ton, lundi, après l’arrestation du président de sa jeunesse, Jacky Ndala, sur fond d’une proposition de loi controversée qui exclurait de la présidentielle, censée se tenir en 2023, les candidats nés d'un parent étranger.
Jacky Ndala a été interpellé, dimanche, à son domicile dans un quartier populaire de Kinshasa, par l’Agence nationale des renseignements (ANR).
La veille, samedi, deux de ses collaborateurs ont été appréhendés par la même agence avant d’être relâché dimanche. Ils ont subi des “tortures”, a affirmé le parti de Katumbi, Ensemble pour la République, dans un communiqué publié lundi.
« Ensemble pour la République rappelle qu'il est membre de l'Union sacrée au même titre que les autres composantes et mérite, en conséquence, sa part de considération et de respect notamment du fait de sa contribution significative à cette dynamique”, écrit le parti, exigeant la libération immédiate de son chef de la jeunesse.
La colère des pro-Katumbi est montée d’un cran, début juillet, après le dépôt par un député de la coalition présidentielle, l'Union sacrée pour la nation, d'une proposition de loi sur la « congolité » qui pourrait interdire l’accès à la fonction présidentielle et à d’autres fonctions régaliennes aux personnes qui n’ont pas un père et une mère congolais.
Le texte est vivement contesté par le parti de Moise Katumbi, qui a même menacé de quitter la coalition au pouvoir. Jacky Ndala et plusieurs autres cadres du parti de Katumbi ont pris des positions radicales après le dépôt de ce texte.
“Il est incompréhensible que Moïse Katumbi, notre leader, soit l'objet de médisances et autres insultes par certains membres de cette Union sacrée sans que personne ne s'en indigne. La construction d'une coalition est une œuvre collective; le mépris des partenaires n'honore pas », souligne le parti de Katumbi dans un communiqué signé par son secrétaire général, Dieudoné Bolengetenge.
Le parti interpelle l'attention du président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo sur le péril de “l'intolérance et de l'absolutisme qui "”prennent corps auprès de certains leaders de sa famille politique et des institutions dont il est le garant du bon fonctionnement et l'invite à user de son autorité pour y mettre fin, au nom de l'intérêt supérieur de la Nation”, indique encore le communiqué.
Le texte soumis a engendré la méfiance entre alliés. Katumbi qui a rejoint Tshisekedi dans sa coalition depuis fin 2020, dispose de 5 proches dans l’actuel gouvernement dirigé par Jean-Michel Sama Lukonde.
En signe de méfiance à l'égard du camp présidentiel, Moïse Moni Della, un proche de Moïse Katumbi, nommé, la semaine dernière, “censeur” à l’Office de gestion du fret multimodal (OGEFREM) par le ministre des Transports, a décliné l’offre, évoquant les “récentes tentatives de déstabilisation de Moïse Katumbi” par « l’indécente proposition de loi soutenue par une partie de l’Union sacrée ».
Riche homme d’affaires, Katumbi avait déjà été empêché de participer à la présidentielle de décembre 2018 par le régime précédent [ de Joseph Kabila] auquel lui et Félix Tshisekedi furent opposants. Victime d’une condamnation controversée dans une affaire immobilière, Katumbi a passé trois ans en exil sous Kabila.
Il a regagné la RDC après l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, en 2019, qui a déjà affiché ses ambitions de briguer un second quinquennat a l’issue de l’élection présidentielle censée se tenir en 2023.
Le parti a, par ailleurs, invité la communauté internationale "à bien observer la montée des dérives et des initiatives à haut risque en cours, qui risquent de replonger ce pays dans l'abime".