RDC: La société civile, un tremplin vers la politique ?
- Les acteurs de la société civile congolaise sont souvent accusés d'en "faire trop" et de concurrencer de manière outrée, les institutions et les politiciens afin d'accéder à la sphère du pouvoir.

Congo, The Democratic Republic of the
AA/RDC/Joseph Tsongo
De la Conférence nationale souveraine à l’époque de Mobutu Sese Seko (Qui avait dirigé le Zaïre( ex RDC de 1965 à 1997), au dialogue national de Joseph Kabila, les acteurs de la société civile congolaise sont souvent accusés d'en "faire trop" et de concurrencer de manière outrée, les institutions et les politiciens; Un moyen pour eux d'accéder à la sphère du pouvoir, estiment des observateurs.
Ils sont notamment accusés de profiter de la confiance des populations pour accabler de critiques les acteurs de la scène politique et de refaire les mêmes fautes une fois, eux mêmes, au pouvoir.
Certains vont même jusqu'à les accuser de "verser dans la surenchère" pour être plus visibles et mieux servir leur image.
Alors qu'elle est censée être un pilier de la démocratie, la société civile congolaise "ne joue pas encore, ou du moins jusque-là, le rôle qui devrait être sien, notamment en matière de sensibilisation et d'information objective des citoyens", note Didier Mbuy, analyste politique indépendant basé à Kinshasa.
On pourrait même dire que la société civile est devenue "un plongeoir dans la politique", poursuit-il dans une déclaration à Anadolu, rappelant que ce constat s'est confirmé "depuis la Conférence Nationale Souveraine qui a eu à propulser les membres de la société civile au-devant de la scène politique" (La conférence nationale souveraine est une rencontre qui avait réuni, du deuxième semestre de 1990 à 1992, les délégués représentant toutes les couches de la population, toutes les régions et la diaspora du Zaïre (Congo-Kinshasa) afin de discuter la situation du pays, et d'identifier ensemble, sous la houlette de Mobutu, les solutions aux maux de l'époque-ndlr).
"Ce qu’on ne peut obtenir par la politique, on peut l’obtenir en revanche sous le drapeau de la société civile… ", semble désormais, être la devise de nombreux acteurs de la société civile congolaise, affirme encore le spécialiste, notant que "lors de toutes les négociations politiques aussi bien en RDC qu'ailleurs, les délégués ont commencé par œuvrer comme membres de la société civile pour finir comme ministres, au moment du partage du gâteau que représente le gouvernement d’union nationale".
Un avis partagé par Mandela Kihokolo, un habitant de Kinshasa, qui estime que passer par la société civile est devenu un tremplin de choix pour accéder à la politique et au pouvoir. "On se rend compte un peu tard que ceux qui s'activaient dans le cadre d'ONG et autres mouvements le faisaient surtout pour mieux se positionner sur la scène politique", déplore-t-il.
D'ailleurs les exemples d'anciens activistes convertis en politiciens, sont nombreux, ajoute-t-il.
Ainsi Pierre Lumbi qui avait représenté la société civile congolaise à la conférence nationale souveraine est par la suite devenu conseiller politique du président Kabila pendant 5 ans, avant de devenir un farouche opposant à la majorité présidentielle.
Modeste Bahati Lukwebo, actuel ministre d’Etat en charge du Budget est, lui aussi passé de la société civile vers la politique. Après avoir milité pendant des années dans la société civile, Il est aujourd’hui président du parti Alliance des forces démocratiques du Congo(AFDC-mouvance présidentielle).
Simisi Nzala, l’ancien président du syndicat d’alliance paysanne en RDC (SAP)s’était également engagé au sein du parti politique MSR (Mouvement socialiste pour le Renouveau) pour enfin devenir un député aujourd’hui.
Très récemment, Jean-Claude Bambanze, un fervent acteur de la société civile du Nord-Kivu a été nommé conseiller du gouverneur pour la sécurité et la stabilité dans la province.
Si ces passages des rangs de la société civile vers la politique sont possibles c'est surtout grâce à la place dont jouit celle-ci et au rôle qu'elle a joué lors d'événements clefs de l'histoire de la RDC, avancent des observateurs.
La participation de la société civile congolaise à la conférence nationale souveraine a joué un rôle déterminant jusqu’à ébranler sérieusement le régime dictatorial de Mobutu…, souligne, à ce propos, Didier Mbuy, rappelant que c'était Mgr Laurent Monsengwo, issu des rangs de la société civile et plus précisément de l’église catholique qui avait dirigé les travaux de ce forum.
le spécialiste évoque, en outre, l'engouement enregistré durant les dernières années pour tout ce qui est activisme social et politique, fait qui a favorisé, selon lui, l'ascension de ces organisations en tant qu'acteurs clefs de la scène politique.
"Jusque là, l’opinion connaissait les Ong, associations à but non lucratif, actives dans divers domaines mais l’on ignorait qu'elles pouvaient représenter une véritable force à même d'influencer le débat politique", insiste l’analyste, rappelant que c’est l’ouverture démocratique du 24 avril 1990 qui "a donné lieu à une espèce de boulimie en la matière".
En effet, aujourd’hui en République démocratique du Congo, c’est la société civile qu'on site pour parler de l'actualité du pays, c'est elle qui lance les mots d’ordre des mobilisations les plus suivies, mais c’est aussi elle qui, malheureusement n’arrive pas à aplanir les conflits, ni à résoudre la crise, selon des témoignages recueillis par Anadolu.
Interrogé à ce propos par Anadolu, Etienne Kambale, acteur de la société civile explique cet état des fait par "l'absence de l’autorité de l’Etat".
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