RDC: La FIDH accuse la police de "massacres ethniques"dans le Kasaï
-"Entre fin mars et juin 2017, les populations de l'ethnie Luba ont été massacrées dans plusieurs villages du territoire de Kamonia (sud du Kasaï) en raison de leur ethnie et de leur supposée affiliation politique", selon l'ONG

Congo, The Democratic Republic of the
AA/Kinshasa/Pascal Mulegwa
La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a accusé mercredi les forces de sécurité congolaises et une milice soutenue par l'armée d'avoir "planifié" des massacres relevant de "crimes contre l'humanité" contre une ethnie de la région du Kasaï dans le Centre de la république démocratique du Congo (RDC).
Dans cette pauvre région, des violences d'une "ampleur et d'une gravité sans précédent" ont été perpétrées entre mars et juillet, dénonce l'ONG dans un rapport de 100 pages rendu public mercredi à Paris et consulté par Anadolu.
"Entre fin mars et juin 2017, les populations de l'ethnie Luba ont été massacrées dans plusieurs dizaines de villages du territoire de Kamonia (sud de la province du Kasaï) en raison de leur ethnie, de leur supposée affiliation politique à l'opposition et de leur appartenance ou soutien supposé" à Kamwina Nsapu (un chef traditionnel opposé à Kabila, tué par la police en août 2016), indique le rapport.
Ces crimes ont été perpétrés principalement "à des fins politiques" et relèvent de "crimes contre l'humanité", selon la FIDH qui accuse "des agents de l'Etat congolais" (armée et police) et "la milice Bana Mura", soutenue par l'armée de les avoir "planifiés et dirigés".
L’organisation fonde ses affirmations sur des témoignages recueillis en juillet dans le nord de l'Angola voisin auprès de 64 réfugiés, des Luba pour l plupart, rescapés de massacres perpétrés dans le Kasaï.
Des éléments de Kamwina Nsapu ont perpétré de graves exactions, notamment des "exécutions sommaires, souvent sous la forme de décapitations", accuse encore l’ONG affirmant en outre que les forces de défense et de sécurité congolaises ont déclenché des "actes de représailles disproportionnés, ne visant pas uniquement cette milice".
La FIDH affirme, par ailleurs, "détenir une liste d'au moins 50 noms de présumés responsables" (éléments de l'armée, de la police, des Bana Mura, autorités locales...) des crimes commis sur le territoire de Kamonia, et se réserve le droit de la transmettre à la Cour pénale internationale ou d'autres institutions.
Les agents de l’Etat "auraient procédé à des dizaines d'exécutions sommaires de civils" et "des viols" des femmes, alors que des enfants ont été tués à coup de machette par des miliciens, note la même source.
Contacté par Anadolu, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende a promis de réagir à ce rapport et à "plusieurs autres provocations " dans une conférence de presse, jeudi, à Kinshasa.
Au terme d'une enquête auprès des survivants du Kasaï réfugiés dans le Nord de l’Angola, le haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Zeid Ra'ad al Hussein avait accusé en août dernier, les forces de sécurité congolaise et le Bana Mura d’avoir exécutés entre le 12 mars et le 19 juin, 251 personnes dont 62 enfants.