RDC : l’AFC/M23 annonce un retrait unilatéral d’Uvira sous pression américaine
– Mais pose des conditions
Istanbul
AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa
La coalition politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) a annoncé mardi son retrait unilatéral de la ville d’Uvira, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), affirmant répondre à une demande de la médiation américaine et soutenir les processus de paix en cours.
« L’AFC/M23 retirera unilatéralement ses forces de la ville d’Uvira, comme l’a demandé la médiation américaine », indique un communiqué signé par Corneille Nangaa, coordonnateur de l’Alliance Fleuve Congo et dirigeant de la branche politique du M23. Le mouvement dit avoir pris cette décision malgré ce qu’il décrit comme des « provocations et abus » commis par les Forces armées congolaises (FARDC) et leurs alliés.
Le groupe armé, soutenu par le Rwanda selon l’ONU, s’était emparé d’Uvira le 10 décembre au terme d’une offensive lancée début décembre dans le Sud-Kivu, malgré la signature quelques jours plus tôt d’un accord de paix entre Kinshasa et Kigali à Washington.
Située à la frontière burundaise, sur les rives du lac Tanganyika, Uvira occupe une position stratégique majeure dans cette région instable.
Dans son communiqué daté du 15 décembre, l’AFC/M23 dit se référer aux « progrès significatifs » enregistrés dans le cadre du processus de paix de Doha, conduit sous médiation qatarie, et à l’accord-cadre signé le 15 novembre avec les autorités congolaises.
Ce cessez-le-feu n’a toutefois jamais été pleinement respecté sur le terrain, les combats s’étant poursuivis dans plusieurs zones de l’est congolais.
Le mouvement présente son retrait comme une « mesure de confiance » destinée à « donner toutes les chances » à une solution durable au conflit. Il demande la mise en place de mécanismes de gestion d’Uvira, incluant sa démilitarisation, la protection des civils et des infrastructures, ainsi qu’un contrôle du cessez-le-feu assuré par une force neutre.
L’annonce intervient alors que les États-Unis accentuent leur pression sur le Rwanda. Après la prise d’Uvira, l’ambassadeur américain à l’ONU, Mike Waltz, a accusé Kigali de « mener la région vers plus d’instabilité et vers la guerre ». Le secrétaire d’État Marco Rubio a ensuite affirmé que le Rwanda violait l’accord de paix signé à Washington.
Lundi, lors d’une conférence de presse à Kinshasa, l’ambassadrice des États-Unis en RDC, Lucy Tamlyn, a indiqué que Washington examinait « tous les outils à sa disposition, y compris des sanctions », pour garantir le respect des engagements pris.
Mardi à 07H00 GMT, aucun mouvement de retrait n’avait encore été observé, selon des témoignages recueillis auprès des habitants par l’agence Anadolu.
Pour l’heure, le Rwanda n’a pas réagi officiellement.
Toutefois, Kigali nie systématiquement tout soutien militaire à l’AFC/M23 même s’il affirme avoir mis en place des mécanismes de défense en RDC. Les autorités rwandaises affirment que leur armée n’est pas présente en RDC. Elles soutiennent que le M23 est un « problème congolais », lié selon elles à la mauvaise gouvernance et aux discriminations visant les Tutsi congolais.
Kigali estime en outre que la principale menace régionale demeure les FDLR, un groupe armé toujours actif dans l’est de la RDC.
Enfin, le Rwanda reproche à Kinshasa de ne pas avoir respecté ses engagements de démobiliser les FDLR, ce qui compromettrait, selon lui, la sécurité nationale du pays.
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