RDC: des voix s'élèvent contre le dialogue de Tshisekedi et les groupes armés
« Il est inadmissible qu’on laisse M. Félix Tshisekedi livrer le pays entre les mains des groupes armés instrumentalisés », a déclaré l’opposant Martin Fayulu.

Kinshasa
AA/Kinshasa/Pascal Mulegwa
Des personnalités politiques du pouvoir et de l’opposition en République démocratique du Congo se sont opposées au dialogue qui se tient à Nairobi entre le président Félix Tshisekedi et une dizaine de représentants de groupes armés actifs dans l’Est congolais.
« Il est inadmissible qu’on laisse M. Félix Tshisekedi livrer le pays entre les mains des groupes armés instrumentalisés », a déclaré l’opposant Martin Fayulu, grand perdant de la présidentielle de 2018 remportée par Tshisekedi alors chef de file du de l'opposition.
« L’incompétence notoire de ceux qui ont usurpé le pouvoir du peuple est en train de peser lourd sur l’avenir de notre pays », a ajouté l’opposant également leader de la coalition d’opposition Lamuka à laquelle appartenait M. Tshisekedi avant le scrutin.
Noël Tshiani également ancien candidat à la présidentielle a déclaré sur son compte Twitter que dialoguer avec les groupes « rebelles soutenus par les pays voisins et mettre en place une force régionale d’intervention composée des pays soutenant ces groupes rebelles ressemblent à la capitulation et au massacre de notre souveraineté ».
Le député Juvenal Munubo, membre de la commission defense et sécurité de l’assemblée nationale a déclaré ne pas encourager « des rencontres directes entre dirigeants de la Région et groupes armés qui ressemblent fort à des négociations ».
Pour le député du camp au pouvoir, « Ça serait refaire les vieilles méthodes du passé qui n'ont pas conduit à la paix ».
L’élu est « un peu réservé par rapport à l'idée d'une Force régionale ou des interventions étrangères » car « On sait que ces pays ont des intérêts en RDC », a-t-il martelé sur son compte Twitter.
Il estime que « la solution c'est d'investir dans les Forces armées de la RDC : plus de moyens et de motivation pour militaires ».
La coalition Lamuka dont Martin Fayulu et l’ancien premier ministre Adolphe Muzito sont restés Leaders a indiqué que la « sorcellerie c'est quand on refuse les échanges avec la classe politique de son pays mais qu'on se précipite pour dialoguer avec les groupes rebelles et des forces nuisibles sans jamais consulter l'Assemblée ».
Lors d’un sommet jeudi à Nairobi, les présidents, Tshisekedi de la RDC, Yoweri Museveni de l’Ouganda, Uhuru Kenyatta du Kenya, Evariste Ndayishimiye du Burundi et rwandais Paul Kagame représenté par son ministre des Affaires étrangères ont décidé d’un « dialogue consultatif » entre Tshisekedi et une dizaine sur la centaine de groupes armés opérant dans les provinces du Nord-Kivu, Ituri et Sud-Kivu.
Le sommet a appelé tous les groupes armés étrangers en RDC, à déposer les armes et à retourner « sans condition et immédiatement dans leurs pays d'origine respectifs ».
L’un des groupes armés en première ligne de négociation est la rébellion du M23 qui a repris les hostilités depuis 2021 dans la province du Nord - Kivu, accusant le gouvernement de n’avoir pas respecté les accords conclus en 2013 au Kenya.
Tshisekedi tient un dialogue alors que l’état de siège qu’il a proclamé depuis 11 mois dans les provinces du Nord - kivu et de l’Ituri est critiqué pour n’avoir pas produit des résultats escomptés. Depuis le 6 Mai 2021, les origines du Nord - Kivu et de l’Ituri ont vu leurs autorités politiques et administratives civiles remplacées par des officiers supérieurs de l’armée et de la police.