RDC: Des milliers de partisans de Moïse Katumbi, dispersés par la police à Lubumbashi
- Le candidat de l'opposition à la prochaine présidentielle, accusé par les autorités d'avoir recruté des «mercenaires étrangers», est entendu par le parquet pour la troisième fois en moins d'une semaine

Congo, The Democratic Republic of the
AA/Lubumbashi/Didier Makal/Pascal Mulegwa
La police congolaise a tiré des gaz lacrymogènes contre plusieurs milliers de manifestants venus apporter leur soutien à l’opposant Moïse Katumbi, entendu pour la troisième fois cette semaine au parquet de Lubumbashi dans l'affaire de "recrutement de mercenaires étrangers", a rapporté un correspondant de Anadolu.
Vendredi matin, plusieurs milliers de partisans du candidat à la présidentielle de novembre prochain se sont rassemblés devant le palais de Justice de Lubumbashi (sud-est de la RDC), brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «je suis Moïse», «Moïse Président, Innocent, Tuez-nous tous», et qui scandaient des slogans hostiles au président congolais Joseph Kabila, a constaté un correspondant de Anadolu.
Moïse Katumbi, arrivé aux alentours de 10HGMT au palais de ustice accompagné de ses proches, s’est dit « en colère » contre la police congolaise qu’il accuse d’avoir lancé des pierres sur le bus qui l'a mené au tribunal.
L’opposant qui s’exprimait devant la marée humaine a indiqué que le pare-brise du bus a été brisé et que son frère Abraham a été blessé au visage. Il a menacé de ne pas se rendre à son audition avant de se rétracter et d'entrer dans la salle d'audience.
La police congolaise, qui ne s'est pas exprimé sur cette accusation a, dispersé la foule en tirant des gaz lacrymogènes, peu de temps après l'arrivée de Katumbi. Aucun blessé n'a été enregistré jusqu'à 11h GMT.
Il s’agit de la troisième audition de Kutumbi, ex-gouverneur du Katanga (la province la plus riche, et la deuxième plus vaste du pays), qui a été interrogé une première fois lundi 9 mai puis mercredi 11 mai. Ces deux précédentes auditions avaient déjà provoqué un rassemblement de plusieurs milliers de partisans mercredi - une centaine lundi- dispersés par la police, avaient indiqué des témoins oculaires à Anadolu.
Accusé par les autorités d'avoir «recruté des mercenaires étrangers», notamment un américain "qui se faisait passer pour un berger", Katumbi a toujours nié en bloc toutes les accusations qui lui étaient adressées, dénonçant des «manœuvres politiciennes» qui visent à l’écarter de la course présidentielle.
Mercredi 4 mai, le ministre congolais de la Justice, Alexis Thambwé Mwamba, avait annoncé l'ouverture d'une enquête sur Katumbi concernant ces dits recrutements.
A l'annonce de cette enquête, l'ambassade des Etats-Unis à Kinshasa avait aussitôt réagi, déclarant être «profondément préoccupée par les accusations d’activités de mercenariat qui auraient été faites pendant la conférence de presse du Ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba», précisant, sur son site internet croire «qu’elles sont fausses».
L’organisation non gouvernementale, Human Rights Watch (HRW) a de son côté dénoncé, dans un communiqué publié lundi sur son site web, des "manœuvres d'intimidation à l'encontre d'un candidat à la présidence" et fait observer que l’enquête en cours "semble inspirée par des motifs politiques" contre M. Katumbi, et "ses proches partisans".
Katumbi avait annoncé sa candidature quelques heures après les accusations faites par Mwamba. Le scrutin demeure toutefois hypothétique étant donné que plusieurs entraves s’opposent à sa tenue dans les délais, selon le gouvernement. Fait que l’opposition qualifie de faux prétextes visant à maintenir Joseph Kabila au pouvoir au delà de son mandat constitutionnel qui prend fin en décembre 2016.