RDC : Apprendre l’anglais à tout prix, la magie de la Radio
-Alors que les centres de langues proposent des formations à 60 dollars la session, de plus en plus de radios congolaises "surfent sur la vague" en proposant des émissions en anglais, séduisant au passage un nombre grandissant d'auditeurs

Congo, The Democratic Republic of the
AA/Nord-Kivu ( RDC) / Joseph Tsongo
Portés par des ambitions diverses, des Congolais de tout âge se mettent à l'anglais, langue qui se rattache, selon eux, à d'importantes opportunités aussi bien sociales que professionnelles.
Cet engouement pour la langue de Shakespeare s'est accompagné par l'émergence d'un nouveau genre d'émissions radio où l'on propose des leçons d'Anglais pour tous les niveaux.
Une alternative qui offre non seulement un moyen interactif d'apprendre la langue mais aussi la possibilité de faire des économies. Les cours étant dispensés à hauteur d'environ 60 dollars le trimestre dans les centres de formation classiques.
L'intérêt porté à la langue anglaise est particulièrement palpable dans le Nord-Kivu, province de l'Est du pays, fait imputable entre autres à la proximité de cette région avec des pays anglophones, notamment l'Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie.
Dans cette province, les centres d'apprentissage sont pris d'assaut par des apprenants. Une affluence qui a fait flamber les prix des leçons, les sessions de formation sont proposées à 60 dollars pour un trimestre.
Face à cette demande croissante, plusieurs radio, notamment locales, ont lancé des émissions spéciales qui offrent des leçons d'anglais.
Dans le taxi-bus qui va de Kanyabayonga jusqu’à Kirumba ,dans le Nord de la province du Nord-Kivu, la musique vibre. Tout à coup, le chauffeur change de fréquence et soudain, tous les passagers se taisent et écoutent attentivement l'émission ‘kingereza kwetu’ (l’anglais chez nous) de la radio communautaire environnementale de Kanyabayonga.
On y apprend notamment les salutations (greetings), les jours de la semaine (the days of the week), et bien d’autres proverbes en anglais. Les auditeurs posent des questions.
«Je fais cette émission depuis près de deux ans, parce que j'ai constaté que beaucoup de gens ont besoin d’apprendre l’anglais mais ont des ressources limitées pour financer leur formation», dit Patrick Lyabuta, le présentateur de l’émission.
Par ailleurs, aucun centre ne peut brasser autant de monde qu'une émission radio, ajoute-t-il, soulignant que l'avantage d'apprendre la langue en suivant une émission radio est le côté plus animé qu'une salle de classe.
S'agissant des motivations expliquant cet engouement pour l'anglais, elles sont variables selon les personnes, mais sont souvent liées à des considérations professionnelles. Ainsi, Zawadi, commerçante du marché central de Virunga, dans le Nord-Kivu, dit qu'elle apprend l'anglais pour mieux communiquer avec les clients étrangers.
"Je reçois parfois des clients blancs qui ne parlent que l’anglais. Et comme je n'ai pas assez de temps pour aller régulièrement dans le centre de formation où je me suis inscrite, je me rattrape grâce à la radio", dit-elle à Anadolu.
Kavira Madada, 57 ans, qui doit bientôt se rendre en Australie pour des soins, écoute elle aussi régulièrement l'émission "kingereza kwetu" , "ça fait près d'un an que j'écoute l'émission chaque mercredi et chaque samedi et je e sens sue je me suis nettement améliorée j'arrive du moins à comprendre une discussion basique et je ne risque pas de me sentir perdue à l'étranger". D'autres encore se mettent à l'anglais pour poursuivre leurs études à l'(étrangers ou décrocher un contrat avec une ONG internationale.
Danny qui maîtrise les notions de base en anglais a ainsi pu décrocher un poste de chauffeur-mécanicien au sein d’une ONG internationale.
"Si j'ai réussi là où les 38 autres candidats ont échoué c'est surtout grâce à l'émission radio, que je suivais de manière régulière et qui m'a permis d'acquérir les bases de la langue", a-t-il expliqué.
D'autres enfin considèrent l'anglais comme étant la langue valorisante pour celui qui la parle. Les jeunes surtout y voient un moyen d'être dans la vague et de se mettre en avant, explique à Anadolu un sociologue de Goma.
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