RDC : 400 mille enfants risquent de mourir pour malnutrition
- L'Unicef explique ce risque par la détérioration des récoltes. Et la situation ne devrait pas s'améliorer avant juin 2018.

Congo, The Democratic Republic of the
AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa
C'est un chiffre synonyme d'un appel de détresse que l'Unicef vient de lancer, mardi, concernant le nombre d'enfants qui risquent leur vies à cause d'une malnutrition sévère en République démocratique du Congo.
En effet, au moins 400 000 enfants de moins de cinq ans, souffrant de malnutrition "aiguë sévère" dans le Centre de la République démocratique du Congo (RDC), pourraient mourir en 2018, s’ils ne sont pas assistés, a prévenu mardi le Fonds des Nations-unies pour l’enfance (Unicef) réclamant des interventions "sanitaires et nutritionnelles".
"Cette crise nutritionnelle et l’insécurité alimentaire dans la région du Kasaï font suite au déplacement de milliers de familles qui ont survécu pendant des mois dans des conditions très difficiles”, a déclaré le Dr Tajudeen Oyewale, Représentant par intérim de l'Unicef en RDC, cité dans un communiqué de l’Agence Onusienne.
Dans la région du Kasaï, des violences opposants les forces de sécurité et des miliciens depuis Août 2016 ont fait pas moins de 5 000 morts [1 300, selon Kinshasa et plus de 3 300, selon l’Eglise catholique] et poussé 1.4 millions de personnes à fuir l’insécurité, selon l’ONU.
Ces violences ont entraîné des pénuries alimentaires, les deux tiers des ménages étant incapables de travailler leur terre pour cultiver, selon l’Unicef
"L’ampleur réelle du problème se précise à mesure que les gens rentrent chez eux dans certaines zones où la sécurité s’est améliorée et où les services de santé ont recommencé à fonctionner" a ajouté Oyewale affirmant que les conditions humanitaires "restent critiques".
Avant même le déclenchement des violences, les provinces de la région du Kasaï étaient parmi les plus pauvres de la RDC.
Plus de 750 000 enfants (dont 400 mille sont âgés de moins de cinq ans) dans cette région souffrent de malnutrition "aiguë", tandis que 25 zones de santé sont actuellement en situation de crise nutritionnelle avec des "seuils d’urgence en matière de nutrition dépassés", selon le même texte.
"Garantir l’accès aux services de santé et de nutrition de base aux populations retournées est essentiel pour aider les enfants souffrant de malnutrition à survivre", plaide le Dr Oyewale affirmant que l’insécurité alimentaire "sévère" affecte maintenant de grandes parties de la région, et que les conditions "ne devraient pas s’améliorer avant juin 2018, car les saisons de plantation en 2017 ont été perdues".
Au Kasaï, la prise en charge des enfants "gravement malnutris est plus difficile car les structures de santé ont été dévastées", ajoute l’Unicef qui regrette de n’avoir reçu que 15 % du financement nécessaire en 2017 pour répondre aux besoins nutritionnels des enfants.
Environ 220 centres de santé ont été détruits, pillés ou endommagés lors des violences qui ont cessé depuis quelques mois.