Afrique

Rapport de l'UE sur la Présidentielle au Gabon: l'opposition dénonce des "manoeuvres" du pouvoir

- L'opposition dénonce des "manoeuvres dilatoires" et des "pressions" employés par Libreville pour changer le contenu d'un rapport défavorable à Ali Bongo.

Mohamed Safwene Grira  | 05.12.2016 - Mıse À Jour : 05.12.2016
Rapport de l'UE sur la Présidentielle au Gabon: l'opposition dénonce des "manoeuvres" du pouvoir

Gabon

AA/ Libreville/ Jean-Yves Ntoutoume

Le porte-parole de Jean Ping, candidat malheureux à la Présidentielle gabonaise, a dénoncé, lundi, dans une déclaration à Anadolu "des manoeuvres" exercées par Libreville pour changer le contenu du Rapport final de la Mission d'observation européenne (MOE) sur ce scrutin.

Alors qu'elle était prévue pour mercredi prochain, la présentation du rapport de la MOE sur le scrutin contesté d'août dernier a été reportée au 12 décembre "à la demande des autorités gabonaises", avait annoncé dimanche soir la mission sur son compte twitter.

Cette demande qui est "parvenue à la dernière minute" à la MOE, fait suite au déplacement officiel en Chine qu'effectue, du 6 au 8 décembre, le président Ali Bongo Ondimba, dont la récente réélection avait été contestée par son rival Jean Ping ainsi que par une partie de la Communauté internationale.

"L’acceptation de la demande témoigne de la volonté de la MOE de pouvoir présenter le rapport à toutes les parties gabonaises", poursuit la mission alors que le camp de Ping a estimé que "les raisons invoquées par le pouvoir ne tiennent pas la route."

"Le rapport peut être présenté même en l'absence d'Ali Bongo Ondimba. Ce report n'est pas le premier. Il ne s'agit là que de manoeuvres dilatoires, de tentatives de tractations, d'importantes pressions exercées par le pouvoir" sur la mission d'observation pour "changer le contenu du rapport dont il a pris connaissance", a estimé dans une déclaration à Anadolu, Persis Lionel Essono Ondo, porte-parole en France de Jean Ping, joint au téléphone par Anadolu.

Aux termes du protocole d'accord présidant au déploiement de cette mission en juillet dernier, le gouvernement a pu prendre connaissance du contenu du rapport final dès sa finalisation, explique Essono Ondo.

Ces accusations, qui n'ont pas été confirmées dans la communication de la MOE, sont d'autant plus plausibles, estime Essono Ondo, qu'un pré-rapport présenté en septembre dernier faisait état d’"anomalies" ayant entaché le processus électoral. "Nous pensons que le rapport définitif va aller dans ce même sens. Cette mission d’observation est dotée d’une certaine indépendance", a poursuivi ce proche de Ping.

Les membres de la MOE au Gabon, présidée par la députée européenne Mariya Gabriel, auraient été mis sur écoute par les services secrets gabonais, avait révélé en octobre dernier le journal français Le JDD.

Ces accusations avaient été rejetées en bloc par le pouvoir en place, qui rappelle que la MOE a été déployée par l’UE à sa propre demande, en juillet dernier.

Le camp de Jean Ping, auto-proclamé "président élu", invoque des "fraudes" dans la région du Haut-Ogooué, fief d'Ali Bongo, où celui-ci a obtenu 95% des voix pour 99% de taux de participation lors du scrutin à tour unique du 27 août dernier.

L’annonce par la Commission électorale le 31 août dernier de la victoire d’Ali Bongo avait plongé pendant, quelques jours, le Gabon dans l’insécurité. Des manifestations et émeutes ont secoué les principales villes du pays et ont fait plusieurs dizaines de morts selon l’opposition.


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