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Ramadan : La Médina de Tunis prend des airs de fête

- Entre spiritualité et retrouvailles, le vieux Tunis devient le centre des traditions et des rituels marquant le Ramadan. La Médina, cœur historique de la capitale, fait peau neuve et devient le lieu préféré des Tunisiens pendant le mois saint.

Hajer Cherni  | 19.04.2023 - Mıse À Jour : 23.04.2023
Ramadan : La Médina de Tunis prend des airs de fête

Tunisia


AA / Tunis / Hajer Cherni

Pendant le Ramadan, les palais et centres culturels de Tunis ouvrent leurs portes. La Médina vit, durant tout ce mois, sur les rythmes des sonorités orientales et occidentales.

Chaque année, les soirées à la Médina deviennent l’événement phare du vieux Tunis. Au point que les Tunisiens sacrifient la rupture du jeûne en famille pour se ruer aux concerts, récitals et spectacles, pour une escapade ramadanesque.

Entre spiritualité et retrouvailles, le noyau de Tunis, devient le centre des traditions et des rituels marquant ce mois sacré, transmis de génération en génération.
Ces dernières années, les investisseurs ayant déserté ce lieu pour une bonne période, ont relancé ‘’la mode médina’’ et redonné vie à des restaurants, cafés, voire des maisons d’hôte de luxe qui, maintenant, ont tendance à séduire de plus en plus une clientèle branchée.

Avant ou après la rupture du jeûne, les inconditionnels des balades nocturnes occupent les différents espaces publics (souvent des anciennes demeures transformées en cafés), pour siroter un thé à la menthe ou un café turc. Alors que d’autres préfèrent investir les cafés pour s’affronter dans des parties de cartes.

La Médina, cœur historique de la capitale a fait peau neuve et est devenue le lieu préféré des Tunisiens, toutes classes confondues, après des années de désintérêt.


- La magie de Ramadan qui opère

De la mosquée Zitouna, jusqu’au quartier de Dar El-Jeld, passant par la Rue du Pacha, la rénovation de certains édifices et l’ouverture de nouveaux espaces publics ont mis en valeur un patrimoine, presque négligé.

Dans ses ruelles grouillantes, des adolescents, se réunissent près de la grande porte de la mosquée Zitouna. Un gobelet de Jwajem dans la main, ils se prennent en photo, parlent, discutent, chantent. De quoi agacer ceux en quête de recueillement pendant le mois saint.

Le temps d’une balade dans cet espace de vie, on y mange des petits plats tunisiens et toutes sortes de friandises traditionnelles sur les toits des cafés avec une vue sur tout Tunis.
‘’Il est n’est pas question de passer la soirée entre quatre murs. Pendant ce mois sacré, la Médina se réveille. J’adore ce lieu car il a su préserver son empreinte ancestrale. Ses monuments nous racontent une partie d’une histoire lointaine’’, se confie Farah, 22 ans, au micro d'Anadolu.

Pendant ou en dehors du mois de Ramadan, déguster les fameuses tartes de la pâtisserie ‘’Zitouna’’ est un passage obligé, tout comme le Café de la vigne, ou encore les Jwajem (une sorte de cocktail à base de yaourts typiquement sfaxien). Seul inconvénient : les prix doublent pendant ce mois saint.

‘’Un thé aux amandes peut nous coûter 10 dinars alors qu’un café turc est à 8 dinars. Les prix flambent et cela gâche l'atmosphère de Ramadan’’, a regretté Farah, rencontrée à l’entrée des souks de la Médina.

Farah se rend régulièrement à la Médina avec ses amis. Passionnée de musique, elle ne rate presque jamais les spectacles organisés dans les recoins de ce vieux Tunis.

Chaque année, le Festival de la Médina donne rendez-vous à son public, assoiffé de culture. Cette 39e édition s'est déroulé, en effet, du 27 mars au 17 avril 2023.

Des concerts de musique andalouse, tunisienne et arabo-musulmane ainsi que des mélodies d’artistes contemporains d’horizons divers sont au programme des nuits du mois de Ramadan.

Créé il y a plus de 40 ans par Mokhtar Rassaâ, journaliste à la télévision publique, l'Association du festival de la Médina s'engage, depuis des années, à revaloriser le vieux Tunis à travers l’organisation d’événements culturels.


- Bir Lahjar, une madrassa du 18e siècle

C’est au cœur de la Médina de Tunis que se trouve le centre culturel, Bir Lahjar, autrefois appelé la madrassa Becha, situé précisément dans la rue du Pacha. Avec son architecture du style islamique, Bir Lahjar a été construit pendant le règne d’Ali Pacha (1735-1756).

Sur sa scène, le public a découvert l’œuvre ‘’Korsi El Ochak’’ de l’artiste Mohamed Ali Ben Cheikh qui a su assurer une continuité d’un héritage artistique qui reflète la magnificence de la civilisation et de la culture musicale.

Entre Mouwachahat et chant soufi, le public était emporté dans un périple au cœur d’une variété musicale. Une pure découverte de la singularité et l’authenticité du talent de ces musiciens et chanteurs.

Les spectateurs ont pu, le temps d’une soirée, apprécier la douceur d’une musique envoûtante, mêlant diverses sonorités arabo-tuniso -andalouses et de goûter au plaisir d’un spectacle authentique, qui a gardé son essence.

Avec une habileté remarquable et une sensibilité exceptionnelle, les musiciens ont interprété avec brio de célèbres chansons arabo-andalouses et un florilège de chansons religieuses et spirituelles singulières, sous l’émerveillement d'un public en transe. Toujours en quête d’une nouvelle conception de la musique traditionnelle tunisienne, Mohamed Ali Ben Cheikh est engagé à respecter les spécificités de ce patrimoine, sur les plans technique, musical, instrumental et poétique.

Pendant le mois de Ramadan, les Tunisiens se rapprochent un peu plus de leur patrimoine culturel. Les soirées ramadanesques se font toujours au rythme du Malouf, Tarab et chant soufi qui viennent égayer les nuits de la Médina, l'endroit idéal pour flâner dans des ruelles imprégnées d'histoire.

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