Afrique

Que se passe-t-il en Côte d’Ivoire ?

Les agitations sociales correspondent à une préoccupation : le creusement des inégalités basées sur l’ethnie ou la région.

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 20.02.2017 - Mıse À Jour : 21.02.2017
Que se passe-t-il en Côte d’Ivoire ?

Abidjan

AA/ Abidjan (Côte d’Ivoire)/ Fulbert Yao

Un vent fâcheux souffle sur la Côte d’Ivoire ces derniers temps. Mutineries, grèves, colère des planteurs de cacao, cet important pays d’Afrique de l’Ouest semble être rattrapé par ses vieux démons pour certains, ce qui n’est, toutefois, qu’un nuage d’été pour d’autres.

Alors que le pays affiche une bonne santé économique et semble renouer avec la paix après une décennie de crise, les récents remous sociaux et les grognes au sein de l’armée inquiètent.

Approché par Anadolu pour décrypter l’actualité ivoirienne, Faustin Dedy Séri, sociologue et enseignant-chercheur à l'Institut d'ethnosociologie, à l'Université Félix Houphouet Boigny d’Abidjan, l’appréhende ainsi : « Tant que l’armée comporte en son sein, d’une part, des soldats qui ont combattu dans le cadre d’un contrat privé, et d’autre part, des soldats recrutés conformément à la Constitution de 2000, nul ne pourra sérieusement parler d’une armée nationale soudée».

L’analyste rattache les agitations sociales que vit le pays aux « inégalités creusées sur la base de l’appartenance ethnique et ou régionale ». N’y allant pas par quatre chemins, l’ancien ministre ivoirien de la Défense (2007-2010), Amani Nguessan, émet des réserves quant au retrait définitif intervenu, selon, lui « avant l’heure », des Casques bleus de la Mission des Nations unies (Onuci) de la Côte d’Ivoire.

« On veut nous faire croire que tout va bien en Côte d’ivoire. A première vue, on peut dire que leur départ est une bonne chose, mais quand je réfléchis en tant qu’ancien ministre de la Défense, je déduis que ces forces sont arrivées pour le maintien de la paix, la paix n’étant pas revenue, leur départ lancerait un message trompeur. Lequel message trompeur donne à lire que la paix est là, alors que ce n’est pas le cas », explique Nguessan.

Ne l’entendant pas de cette oreille, la représentante de l’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), Aichatou Mindaoudou qui s’exprimait à Anadolu, soutient que « les mutineries ne sont pas le symptôme d'un manque de stabilité ».

Pour elle, « la stabilité et la sécurité sont de retour en Côte d'ivoire. Les mutins réclament des primes, mais ils ne remettent pas en cause les institutions. Et les institutions nationales chargées de la sécurité ont démontré leur capacité à prendre en charge de façon efficace et équilibrée les menaces sécuritaires latentes tant au plan interne qu’externe».

Approuvant le diagnostic de la Représentante de l’ONU, Danho Pierre Nandjui, vice-doyen de la faculté de droit à l'Université Felix Houphouet Boigny d'Abidjan, affirme que le retrait des Casques bleus ne peut que refléter la stabilité dont jouit le pays ces dernières années.

« Si l’ONU s’en va, c’est que la Côte d’Ivoire est stabilisée. Dès lors que la situation d’insécurité ne s’impose plus en Côte d’Ivoire et qu’il y a des actions qui sont prises pour régler les problèmes d’ordre interne, je ne vois pas pourquoi l’Onuci reste. Elle est venue pour la crise, elle s’en va tout simplement parce que la Côte d’ivoire n’est plus en état de conflit», souligne l’universitaire.

S’attardant sur les derniers remous ayant émaillé le climat sécuritaire en Cote d’Ivoire, l’actuel ministre de la Défense, Alain Richard Dowahi, a déclaré à la presse qu’un programme ambitieux couvrant la période allant jusqu’à 2020 profitera à l’armée pour la rendre « plus professionnelle et plus responsable ».

Ce programme prévoit, selon lui, l’achat d'équipements, la modernisation des structures militaires et consacrera les missions régaliennes des forces de défense et de sécurité que sont la préservation de la paix et l’appui au développement.

La Côte d'Ivoire a été ébranlée en janvier et février par des mutineries à répétition qui ont touché plusieurs villes et fait des morts. Les revendications de ces soldats tournaient autour du paiement de primes, d'augmentations salariales et de l'évolution des carrières.

Le Conseil de sécurité avait décidé de réduire la composante militaire de l’Onuci, de 1969 Casques bleus pour qu’il y ait 2000 Casques bleus en date du 31 août 2016, jusqu'à leur retrait total, prévu pour le 30 avril 2017.

La Côte d'Ivoire a connu un succès économique "impressionnant" depuis 2012, selon la Banque Mondiale (BM) qui pronostique "une croissance tout aussi importante pour la période 2016-2020 grâce au nouveau Programme national de développement (PND) adopté par le gouvernement d’Alassane Ouattara".

D'après l'Instance financière internationale, "la croissance du PIB ivoirien a atteint 8,4 % en 2015 et devrait passer à 8,5 % en 2016".


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