Procès des Casques bleus en RDC: "Nous craignons une condamnation rien que pour plaire à l'ONU"
Le MAE congolais a martelé pour sa part que la justice de la RDC est "indépendante", que la Cour prononcerait soit la condamnation, soit l'acquittement des Casques bleus incriminés.

Kinshasa
AA/ Kinshasa/ Pascal Mulegwa
Le procès de 21 Casques bleus congolais, accusés d'agressions sexuelles en République Centrafricaine (RCA), suscite des critiques de la part de la société civile congolaise qui craint des condamnations complaisantes.
"Nous craignons que la Cour condamne injustement ces militaires rien que pour plaire à l'ONU [Organisation des Nations Unies] qui a remercié le contingent congolais depuis quelques mois", a relevé Georges Kampiamba, Président de l'association pour la défense de droits de l'homme, dans une déclaration à Anadolu.
Ce leader de la société civile congolaise fustige, en outre, "une lenteur" et "des irrégularités" entachant la procédure de ce procès qui a démarré lundi dernier devant une cour militaire et concerne des faits révélés à partir d'août 2015.
"Le procès se déroule en l'absence des plaignantes [présumées victimes] et sur des faits non creusés davantage par la Cour. On ne comprend pas pourquoi faut-il étendre le procès sur plusieurs mois à raison de trois audiences par semaine, au lieu d'établir des séances quotidiennes", a-t-il rajouté en demandant à la cour de réunir des preuves manifestes et faire déplacer les présumées victimes.
Dans un point de presse tenu récemment à Kinshasa, le Ministre congolais des affaires étrangères, Raymond Tshibanda, avait martelé que la justice de la RDC était "indépendante", que la Cour prononcerait soit la condamnation, soit l'acquittement des Casques bleus incriminés.
Le Conseil de sécurité des Nations unies avait adopté le 11 mars dernier une résolution contre les abus sexuels commis par les Casques bleus, elle prévoit le rapatriement de contingents entiers en cas de soupçon d'agressions sexuelles. Bien avant cette résolution, l'ONU a décidé, en janvier dernier, le rapatriement du contingent congolais opérant en RCA après plusieurs accusations d'agressions sexuelles commis par des éléments de ce contingent, composé de 807 soldats et de 118 policiers.
L'ONU avait annoncé début mars dernier que sur les 69 cas d'accusations d'exploitation ou d'abus sexuels recensés par ses services en 2015, plus de la moitié (38) ont été enregistrés dans deux de ses 16 missions de maintien de la paix dans le monde, soit en Centrafrique (22) et en RDC (16).