Pretoria et Kigali discutent pour désamorcer les tensions alimentées par la crise à Goma
- ‘’Nous nous sommes engagés à faire avancer le dialogue sur l'est de la RDC et avons convenu de continuer dans le même esprit ayant conduit à l'accord de cessez-le-feu’’, a déclaré le ministre sud-africain des Affaires étrangères

Istanbul
AA / Istanbul / Yasin Gungor
Le ministre des Affaires étrangères de l'Afrique du Sud et son homologue du Rwanda se sont entretenus au téléphone jeudi pour apaiser les tensions entre les deux pays après que le président rwandais a pointé des ‘’distorsions délibérées’’ et des ‘’mensonges’’ dans les déclarations des responsables sud-africains sur le conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Le ministre sud-africain des Relations internationales Ronald Lamola et le ministre rwandais des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe ont convenu de faire avancer le dialogue sur la crise en RDC lors de leur entretien téléphonique.
‘’Nous nous sommes engagés à faire avancer le dialogue sur [la crise] dans l’est de la RDC et avons convenu de continuer dans le même esprit ayant conduit à l'accord de cessez-le-feu’’, a écrit le chef de la diplomatie sud-africaine sur X, en allusion aux initiatives de paix régionales.
Cette initiative diplomatique intervient après les vives critiques du président rwandais Paul Kagame, qui a dénoncé ‘’les distorsions, les attaques délibérées et même les mensonges’’ contenus, selon lui, dans les déclarations du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, avec qui il a eu deux échanges téléphoniques cette semaine.
Paul Kagame a remis en question le rôle de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC (SAMIRDC) : ‘’La SAMIRDC n’est pas une force de maintien de la paix et n’a pas sa place dans cette situation’’.
C’est ‘’une force belligérante engagée dans des opérations de combat afin d’aider le gouvernement de la RDC à combattre son propre peuple’’, a souligné le dirigeant rwandais.
‘’Si l’Afrique du Sud préfère la confrontation, le Rwanda réglera le problème’’, a-t-il averti plus tôt.
Le M23 a revendiqué le contrôle de Goma après cinq jours de combat ayant fait plus de 100 morts, dont 17 soldats de la paix.
La RDC et d’autres pays accusent le Rwanda de soutenir les rebelles, une accusation rejetée par Kigali.
Des milliers de personnes ont également été déplacées, dont beaucoup ont fui au Rwanda, y compris le personnel d’organisations internationales telles que l’Onu et la Banque mondiale.
Cette offensive constitue une escalade majeure du conflit dans l’est de la RDC.
Le Mouvement du 23 Mars (M23) a été créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise. Après une brève montée en puissance, il a été défait en 2013 par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Casques bleus de la Monusco. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs localités dans la province du Nord-Kivu, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 pour accéder aux richesses minières de la région. Ces accusations sont étayées par des rapports d’agences onusiennes, qui pointent un appui militaire rwandais au mouvement rebelle. Pour la RDC, le M23 est un groupe ‘’terroriste’’ et toute forme de négociation est catégoriquement rejetée.
Le Rwanda réfute ces allégations, affirmant que le M23 est un mouvement congolais dirigé par des Congolais, bien que ses membres parlent le kinyarwanda, la langue rwandaise. Kigali rejette également les conclusions des rapports onusiens et rappelle avoir désarmé les rebelles du M23 qui s’étaient réfugiés sur son sol en 2012-2013, avant de remettre leur arsenal aux autorités congolaises.
Pour Kigali, ‘’la question du M23 est une menace sécuritaire pour le Rwanda’’. ‘’La RDC, à cause de l’assimilation permanente du M23 au Rwanda, a bâti une large coalition militaire avec des soldats burundais, avec des mercenaires européens, des miliciens Wazalendo et des génocidaires FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR)’’, avait soutenu le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, dans une interview accordée à Africa 24.
Ces alliances, selon Nduhungirehe, s’inscriraient dans une stratégie visant à renverser le gouvernement rwandais.
*Traduit de l’anglais par Majdi Ismail
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