Présidentielle en Guinée : restrictions sécuritaires renforcées sur tout le territoire
–Près de 6,8 millions d’électeurs sont attendus ce dimanche matin aux urnes pour choisir entre neuf candidats, dont le général Mamadi Doumbouya, arrivé au pouvoir après le renversement du président Alpha Condé en 2021
Bamako
AA/Bamako/Amarana Maiga
Les autorités guinéennes ont décrété, samedi, un ensemble de mesures exceptionnelles de sécurité à la veille de l’élection présidentielle de dimanche, marquée par un contexte politique tendu et un appel au boycott de l’opposition.
Un arrêté du ministère de l’Administration du Territoire prévoit la fermeture des frontières terrestres et maritimes du pays jusqu’à dimanche à minuit, ainsi que la suspension du trafic aérien le jour du vote entre 5h00 et 20h00.
La circulation de tous les engins roulants sera également interdite sur l’ensemble du territoire national de 6h00 à 18h00, à l’exception des véhicules électoraux et de sécurité. Les attroupements non autorisés autour des bureaux de vote sont proscrits, tout comme le port d’armes dans les périmètres électoraux.
Ce dimanche matin, près de 6,8 millions d’électeurs sont attendus aux urnes pour choisir entre neuf candidats, dont le général Mamadi Doumbouya.
L’élection présidentielle prévue ce dimanche 28 décembre s’inscrit dans un climat politique marqué par la transition ouverte après le coup d’État du 5 septembre 2021, qui a renversé le président Alpha Condé. Depuis lors, le pays est dirigé par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), conduit par le général Mamadi Doumbouya.
La junte avait initialement promis un retour rapide à l’ordre constitutionnel, avant d’annoncer un calendrier de transition étalé sur plusieurs années, suscitant de fortes tensions avec les partis politiques, la société civile et certains partenaires internationaux. Plusieurs manifestations contre la prolongation de la transition ont été interdites ou dispersées, tandis que des leaders politiques ont été arrêtés, contraints à l’exil ou suspendus d’activités.
La présidentielle est également marquée par l’absence de plusieurs figures politiques de premier plan, déclarées inéligibles ou empêchées de se présenter. Parmi elles figure l’ancien président Alpha Condé, renversé en 2021, qui vit à l’étranger et fait l’objet de poursuites judiciaires engagées par les autorités de transition.
Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre et chef de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti d’opposition, n’a pas non plus été retenu. Les autorités invoquent des irrégularités administratives et des questions liées à sa résidence hors du pays, des motifs rejetés par ses partisans qui dénoncent une exclusion politique.
Sidya Touré, ancien Premier ministre et leader de l’Union des forces républicaines (UFR), a également été écarté du processus, notamment en raison de la suspension de son parti et de décisions judiciaires contestées.
Le processus électoral actuel est contesté par une partie de l’opposition, qui dénonce un manque de concertation, l’absence de garanties sur la transparence du scrutin et une organisation jugée largement contrôlée par les autorités de transition. Ces exclusions ont renforcé l’appel au boycott lancé par une partie de l’opposition.
Malgré ces critiques, le pouvoir affirme que cette présidentielle marque une étape décisive vers le retour à un régime civil.
