Nord-est de la RDC : les violences communautaires font 200 morts en deux semaines

Congo, The Democratic Republic of the
AA / Kinshasa / Pascal Mulegwa
Quelque deux cents personnes dont des soldats, des policiers et des civils sont mortes dans des tueries à caractère communautaire ces deux dernières semaines (10-22 juin) en Ituri, une province du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), selon une source officielle.
Un précédent bilan établi par la société civile faisait état d'une centaine de morts, en cinq jours de tueries dans le territoire de Djugu, au Nord de Bunia, capitale de la province de l'Ituri.
"On a dépassé la centaine de morts et atteint les 200. Les chiffres évoluent d'heure en heure mais nous sommes en train de stopper la tendance à la hausse", a déclaré dimanche à Anadolu, le gouverneur de la province de l'Ituri, Jean Bamanitsa.
Les tueries sont orchestrées par des assaillants qui ternissent l'image d'une communauté [Lendu] et veulent nous emmener à un conflit interethnique", a ajouté le même responsable.
D'après le président de la société civile de l'Ituri, Jean-Bosco Lalo, joint par Anadolu, la "majorité des victimes sont membres de la communauté Hema" très investi dans le commerce et l'élevage.
"Il y a de grands risques de basculer dans une guerre communautaire si l'Etat n'impose pas son autorité. Ces tueries sont révoltantes pour la communauté des victimes", a-t-il indiqué.
"On ne fait pas encore face à un conflit interethnique. car les Hema n’ont pas répondu à ces tueries", a précisé le gouverneur Bamanitsa.
Ces flambées de violence ont poussé plus de 300.000 personnes à fuir leurs localités et se réfugier, pour la plupart, dans la ville de Bunia, selon le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).
Fin 2017 et début 2018, des accrochages entre les deux communautés avaient éclaté, poussant plus de 350.000 personnes à se déplacer et quelque 60 autres à se réfugier en Ouganda, voisin.
Riche en Or et en pétrole, l'Ituri avait connu durant la deuxième guerre du Congo (1998 - 2003) un conflit foncier, ayant dégénéré en guerre civile.
Considéré comme un génocide par des chroniqueurs occidentaux, ce conflit avait fait 60 000 morts jusqu’à l’intervention d’une force européenne (Artémis) sous commandement français. Certains chefs de guerre capturés avaient été les premiers à être jugés par la Cour pénale internationale (CPI).