Niger : Quatre médias privés fermés
- Niamey invoque le «non payement d’impôts» comme motif, de leur côté les concernés soutiennent qu'il s'agit d'un "règlement de compte" visant la liberté d'expression.

Niamey
AA/Niamey/Kané Illa
Au moins quatre médias privés nigériens ont été fermés durant les derniers jours par les autorités, a indiqué mardi à Anadolu Ibrahim Harouna, président de la "Maison de la presse" ( regroupement des syndicats et des associations de la presse).
Niamey invoque le non paiement des impôts comme motif de fermeture, selon la même source.
Fait que rejettent les concernés, évoquant"un règlement de compte déguisé" de la part des autorités qui "n'apprécient guère leur liberté de ton".
Précisant que deux journaux et deux groupes de Radio-télévision ont, à ce jour été fermés, Harouna a indiqué que la Maison de la presse faisait le point pour recenser tous les médias concernés par cette procédure.
"Notre journal a été fermé depuis le 20 juillet. Les services des impôts nous demandent de payer presque 9 millions de francs CFA (17 600 dollars)", a indiqué à Anadolu Omar Cissé, fondateur de l’hebdomadaire «l’Actualité».
Selon leurs dirigeants contactés par Anadolu, d’autres médias ont aussi reçu les sommations des services des impôts et risquent d’être fermés dans les prochains jours. C’est le cas, notamment, des hebdomadaires "Le Monde d’Aujourd’hui" et "L’Evènement" qui doivent payer entre 6 millions de FCFA (12 mille USD) et 10 millions CFA (20 mille USD).
Si Niamey évoque la question de non paiement des impôts comme motif de fermeture, les concernés avancent à l'unanimité une volonté de faire taire les voix libres que véhiculent ces médias.
"Il s’agit d’un acharnement du pouvoir contre les médias indépendants. Les sommes qu’on nous demande de payer n’ont aucun fondement", a protesté le patron de «L’Actualité».
Un point de vue partagé par Inoussa Dicko, responsable de l’hebdomadaire «Le Monde d’Aujourd’hui»,qui estime son journal est victime "d’un règlement de comptes, en raison de sa ligne éditoriale qui ne plait pas au pouvoir".
Sommé de payer la somme de 37 millions FCFA (74 mille USD), Moussa Aksar , directeur de «L’Evènement» s'attend à la fermeture de ce journal dans les prochains jours.
Interpellé par le Syndicat national des travailleurs de l’information et de la communication (Synatic), le Conseil supérieur de la communication (CSC) a publié un communiqué lundi dans lequel il a précisé qu'il "ne disposait d'aucune qualité pour exonérer les entreprises de presse du paiement des impôts dus, encore moins empêcher les services des impôts d'exercer leurs prérogatives légales".
Née avant l’avènement de la démocratie au début des années 1990, la presse privée nigérienne compte à ce jour plus de 70 journaux, une quarantaine de radios et une dizaine de télévisions privées, essentiellement basés dans la capitale Niamey.
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