Ngueweul Rythme : La fusion des percussions traditionnelles du Sénégal
- Le groupe traditionnel sénégalais Ngueweul Rythme, dédié à la préservation de l'histoire orale de l'Afrique, s'efforce également de faire rayonner les percussions locales à l'international

Dakar
AA/ Dakar/Fatma Esma Arslan Özdel
Cheikh Ma Djimbira Ndiaye, alias Ndiguel, voit le jour à Kebemer, dans le nord du Sénégal, au sein d’une famille de griots.
Ces poètes et musiciens traditionnels, véritables gardiens de la mémoire collective, jouent un rôle crucial dans la préservation des traditions orales africaines et la sauvegarde de l’identité culturelle du continent.
Ndiguel a grandi imprégné des récits historiques transmis par son grand-père et ses aînés, chaque histoire étant accompagnée des rythmes percussifs qui font la richesse de la tradition.
Dès son plus jeune âge, il se familiarise avec la musique et décide de fonder un groupe dédié aux rythmes traditionnels et aux instruments de percussion.
Baptisé "Ngueweul", signifiant "famille de griots" en wolof, son groupe voit le jour en 1998, marquant le début de sa carrière professionnelle.
Au départ, Ndiguel ne savait jouer que la percussion traditionnelle "sabar" du groupe ethnique wolof.
Cependant, au fil du temps, il a parcouru le Sénégal pour apprendre les percussions et les danses d'autres groupes ethniques.
Avec le temps, Ndiguel a élargi son groupe en rassemblant toutes les percussions du Sénégal et a commencé à organiser divers spectacles culturels.
Ndiguel et son groupe, notamment lors des événements destinés aux touristes, offrent une immersion dans les percussions traditionnelles du Sénégal, en retraçant leur histoire et en dévoilant les liens avec les différents groupes ethniques auxquels elles sont rattachées.
À travers des performances saisissantes, Ngueweul interprète les rythmes ancestraux dans un style distinctif, parfois dans une forêt parée de baobabs, parfois autour d’un feu dans le désert, éclairant ainsi le riche passé du Sénégal.
"Nous avons rassemblé les rythmes de toutes les origines ethniques du Sénégal"
Un correspondant d'Anadolu, a rencontré Ndiguel et son groupe Ngueweul Rythme pour discuter de la place primordiale de la percussion dans l’histoire africaine et des projets à venir du groupe. Selon Ndiguel, la percussion est au cœur de la vie en Afrique et constitue un vecteur essentiel de compréhension du continent.
"À la naissance, on joue de la percussion, elle accompagne la cérémonie de circoncision, elle rythme le mariage, et à la mort, c’est encore elle qui résonne lors des funérailles", a-t-il expliqué, mettant en lumière l'omniprésence de cet art à chaque étape majeure de l'existence.
Ndiguel, originaires du groupe ethnique wolof, a expliqué qu'au départ, ils n'étaient familiers qu'avec les instruments des Wolof. Il a raconté qu'ils ont voyagé du nord du Sénégal, à Kebemer, jusqu'au sud, en Casamance, pour découvrir la musique des différents groupes ethniques.
Ndiguel a déclaré :
"Nous voulions rassembler toutes les percussions du Sénégal. En réalité, il ne s'agit pas seulement du Sénégal, mais aussi de percussions provenant d'Afrique de l'Ouest. Par exemple, le 'tabala', une percussion sacrée utilisée dans les chants et les invocations par le tarikat Kadiri en Mauritanie et dans les environs. Il y a aussi le 'khine', une percussion héritée de l'époque animiste mais utilisée par la communauté musulmane Baye Fall. Nous jouons le 'sabar', percussion des ethnies Serer et Wolof, le 'bougarabou' des Diola, le 'sowrouba' des Mandinka, et le 'tama', un tambour parlant du groupe ethnique Waalo-Waalo. Ainsi, notre groupe a rassemblé les rythmes de toutes les origines ethniques du Sénégal."
Le documentaire "Le Pouvoir de la Percussion"
Ndiguel a souligné qu'il avait remarqué que, lors de leurs représentations à l'étranger, les messages portés par les percussions n'étaient pas toujours bien compris. C'est à partir de cette observation qu'il a décidé de prendre une initiative plus durable pour promouvoir les percussions, en déclarant :
"J'ai réalisé un documentaire intitulé 'Le Pouvoir de la Percussion' pour expliquer l'origine de chaque percussion, qui les joue et même comment elles sont fabriquées. Pour ce documentaire, j'ai parcouru tout le Sénégal, j'ai discuté avec nos aînés et leur ai fait raconter leurs histoires. Les tournages sont terminés, il ne reste plus que les détails techniques. Pendant la période coloniale, les Français avaient rassemblé tous les griots de la région, y compris mon grand-père, pour obtenir des informations détaillées sur la dislocation du Royaume de Cayor en 1549.
Comme l'histoire n'était pas écrite, elle était transmise oralement. Mon grand-père a raconté toute l'histoire de la région aux Français.
Mon enfance a été marquée par l'écoute de ces histoires, mais nous n'avons jamais écrit ce que nous entendions. Aujourd'hui, la narration d'histoires a pris une dimension plus large et je ne voulais pas me limiter à l'écriture, c'est pourquoi j'ai décidé de réaliser un documentaire."
Ndiguel, qui est également le directeur artistique du Carnaval de Dakar, a également exprimé son souhait de créer un musée virtuel de la percussion.
Il a ajouté qu'il travaillait actuellement sur une comédie musicale basée sur le personnage traditionnel de "Simb" (faux lion), un personnage du folklore sénégalais où une personne se transforme en lion.
Traduit du turc par Sanaa Amir
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