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Mohsen Marzouk: La réconciliation avec Ben Ali n'est pas à l’ordre du jour (Interview)

- Le Secrétaire général de " Machrou’u Tounes’’ n'a pas exclu la possibilité de "coordonner avec ‘Nidaa Tounes’, parti duquel il s’est séparé il y a un an,

Hatem Kattou  | 31.10.2017 - Mıse À Jour : 01.11.2017
Mohsen Marzouk: La réconciliation avec Ben Ali n'est pas à l’ordre du jour (Interview)

Tunisia


AA / Tunis / Yousra Ouannes

Mohsen Marzouk, Secrétaire général de ‘Machrouu Tounes’ , a souligné que les décisions judiciaires prises contre l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali étaient "définitives" et "confirmées", insistant sur le fait que la réconciliation avec lui «n’est pas à l’ordre du jour».

Depuis qu'il ait fui son pays en 2011, Ben Ali vit en exil en Arabie Saoudite et avait fait l’objet de plusieurs décisions de justice par contumace, dont la plupart sont liées à la corruption.

Il est également condamné à la réclusion à perpétuité dans l’affaire de « la répression sanglante» des manifestants lors de la révolution tunisienne qui avait fait plus de 300 morts.

Dans une interview accordée à Anadolu, dans la capitale tunisienne, Marzouk a déclaré que son pays "n'est pas prêt aujourd'hui à la pleine réconciliation et que cette réconciliation ne peut inclure les responsables de graves violations des droits de l'Homme ou de la réalisation de bénéfices financiers".

Le régime présidentiel…le meilleur

Le Secrétaire général de «Machrou’ Tounes» (22 sièges au parlement sur un total de 217 sièges) a estimé que le régime présidentiel, qui confère le pouvoir exécutif à un président directement élu par le peuple, est «le meilleur en Tunisie».

Il a souligné que son parti n'était pas convaincu depuis le début par le système politique adopté en Tunisie (semi-parlementaire), considérant qu'il s'agit d'un «système sans identité. Un régime à la fois non-parlementaire et non-présidentiel».

Il est à noter que la nature du régime politique en Tunisie n'est pas spécifiée dans le texte de la Constitution, mais la répartition des compétences entre les pouvoirs exécutif et législatif fait de lui un système semi-parlementaire.

Marzouk a suggéré «d’opérer des changements sur le système politique afin que le président de la République nomme le cChef du gouvernement, sans que celui-ci n’aurait à gagner la confiance du parlement mais à former son gouvernement, alors que le parlement préserve le droit de retirer la confiance du cabinet s'il n'est pas au niveau requis».

"Il est déraisonnable que le président, directement élu par le peuple, ne bénéficie pas du pouvoir, alors que le gouvernement élu par le parlement jouit de l’ensemble des prérogatives ».

Marzouk a cependant tenu à préciser: "Bien entendu, nous sommes contre le fait que le régime soit présidentialiste, sans limites, et sans garanties judiciaires et législatives, dans le but que le pouvoir n’échappe pas des mains du président, et nous reconstruisons ainsi le despotisme à nouveau ».


** La coordination avec «Nidaa» est possible et nos différences avec «Nahdha» n'exclut pas notre soutien

Interrogé sur l'hypothèse d’une future alliance avec le parti "Nidaa Tounes" (58 députés), Marzouk a lancéé: "Nidaa Tounes a ses options avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord mais cela n'exclut pas la possibilité de coordonner avec eux dans certaines situations au cas où la situation du pays l'exige".

Et Marzouk de poursuivre: «Les autres députés et moi, sommes fiers de notre démission de ‘Nidaa Tounes’, ce fut une décision courageuse dès lors que nous avons résisté aux tentations du pouvoir. Nous nous sommes retirés et avons réalisé notre projet et, au fil du temps, nos prises de position ont prouvé leur justesse».

En mars 2016, un groupe de députés dissidents du parti ‘Nidaa Tounes’, à cause de diverges internes, et dirigé par Mohsen Marzouk, avait annoncé, la création d'un nouveau parti appelé «Mouvement du projet de la Tunisie» (Machrou’u) qui comptait initialement 25 députés dans l’hémicycle.

Parlant de ses positions "rigides" contre le Mouvement "Nahda" (68 députés), Marzouk a relevé: "Nous sommes fondamentalement différents du mouvement Ennahdha et la démocratie est basée sur la différence. A défaut, nous retournerons au despotisme".

Il a, cependant, estimé que «la différence avec Ennahdha ne signifie pas l'opposition si la position de cette dernière est positive au sujet d’une question particulier».

** "Prêts pour les Municipales"

En ce qui concerne les élections municipales, prévues le 25 mars prochain, Marzouk a confirmé que son parti est «prêt» pour affronter cette échéance.

Il a souligné que son parti participera au scrutin malgré sa création récente (2016), en guise de «contribution à la réussite du processus électoral ès du processus électoral dans le pays".

S’agissant de la crise provoquée par la démission du chef de la commission électorale tunisienne et de deux de ses membres, en mai dernier, Marzouk a appelé à la nécessité de résoudre ce problème le plus rapidement possible par le parlement.

Il a expliqué que «la résolution de la crise de la Commission permettra la tenue d'élections locales avant l'été prochain et qu'il y aura un lap de temps suffisant pour préparer les prochaines élections législatives (2019)».

Il a mis l’accent, à cet égard, sur «l’impératif qu’il y a à ce que la commission électorale soit indépendante et impartiale», considérant que la résurgence de problèmes en son sein est de nature à en affecter la neutralité.

Il a affirmé, néanmoins, qu’il « existe une volonté politique de la part de toutes les parties, dont le président de la République et le Premier ministre, pour que la commission électorale soit un organe indépendant".

Pour Marzouk, «faire mainmise sur la commission n'est dans l'intérêt d'aucune partie car la neutralité de son rôle demeure une condition importante et nous jouerons un rôle majeur, nous et les autres, pour en maintenir la neutralité».

Il a également souligné l'importance que revêt le consensus entre le plus grand nombre possible de partis, au sujet des candidats des grandes municipalités, en particulier la municipalité de la ville de Tunis (la capitale).

Et Marzouk d’ajouter: "Parmi nos objectifs figure l’encouragement de la gouvernance locale et l’identification de solutions aux délicats problèmes dans certaines régions, en particulier les questions d'hygiène et d'environnement, devant être résolus en lançant des projets de gestion des déchets».

Le décollage économique est tributaire d’une vision perspicace claire

Au plan économique, Marzouk estime que le décollage économique du pays n'est pas possible sans une vision claire portant sur la croissance économique et l'étude des secteurs et des options stratégiques à soutenir.

A cet égard, il a suggéré "de travailler sur d'autres domaines vitaux tels que les énergies alternatives, afin que la Tunisie en devienne un producteur et un exportateur".

Il a également appelé à agir sur les questions environnementales, le secteur culturel et l'innovation technologique, ce qui aurait, ultérieurement, un impact conséquent sur l'éducation et la santé.

Dans une référence implicite au projet de la loi de finance de 2018 qui prévoit une augmentation des impôts pour augmenter les revenus de l'Etat,Marzouk a déclaré que "les équilibres budgétaires ne devraient pas se faire au détriment des classes pauvres et moyennes ou des institutions génératrices de croissance". Il a expliqué que la création d'emplois ne devrait pas être accablée par la charge de ces classes et des entreprises par des taxes.

Il a appelé dans ce contexte à remplacer le déficit au budget général de l'Etat par d'autres domaines, dont le rééchelonnement de la dette publique et la révision du système fiscal.En vue de clarifier du point relatif au rééchelonnement de la dette du pays, Marzouk a proposé que "la diplomatie tunisienne exercera davantage de pression jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé sur le principal de la dette et reporter son remboursement jusqu'à ce que l'économie tunisienne se rétablisse".

Il a souligné qu'il existe des «acteurs économiques majeurs dans le monde, avec lesquels l’on peut traiter économiquement, comme les États-Unis, qui est un acteur clé, en plus de la Chine, de l'Inde et de la Russie ».

En guise de conclusion, Marzouk a relevé la présence "d’acteurs régionaux influents dans les pays du Golfe arabe, avec lesquels l’on peut également traiter, ainsi que d'autres amis tels que la Turquie et nombre de pays africains".

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