Afrique

Migrants malien refoulés, toujours à la recherche de perspectives meilleures

- Pour les malheureux migrants qui reviennent au pays, il existe deux catégories de réinsertion économique.

Amarana Malga  | 27.07.2023 - Mıse À Jour : 28.07.2023
Migrants malien refoulés, toujours à la recherche de perspectives meilleures

Mali

AA / Bamako / Amarana Maiga

Beaucoup de migrants maliens, espérant se rendre en Europe à la recherche d'un avenir meilleur, finissent fréquemment par être refoulés à mi-chemin, avant même d'atteindre la mer Méditerranée.

Entre les 18 et 19 juillet courant, au moins 192 migrants maliens refoulés par l'Algérie ont été rapatriés au Mali par l'Organisation internationale pour les Migrations (OIM) en collaboration avec le ministère des Maliens établis à l'extérieur.

Selon le chiffre fourni à Anadolu par le Haut conseil des Maliens de l'extérieur, de janvier 2023 au 20 juillet courant, plus de 8 000 migrants, toutes origines confondues, ont été expulsés de cette manière du territoire algérien. Qu'est-ce qui explique ce refoulement en masse ? Cette pratique viole-t-elle les accords de libre circulation ? Et quelles solutions pour ces migrants toujours à la recherche de meilles perspectives ?

Ces migrants ont pour la plupart tenté de traverser la mer Méditerranée à partir de l'Algérie et ont été refoulés par les autorités de ce pays voisin vers la frontière nigérienne, avait déclaré à Anadolu, Mohamed Lamine Bane, chargé de la migration au Haut conseil des Maliens de l’extérieur.


- À la recherche d'une vie meilleure

Sotigui Diakité migrant malien de retour d'Alger, interrogé par Anadolu sur les raisons de son départ, explique : « J'ai quitté mon pays pour l'Algérie à la recherche d'une vie meilleure. Malheureusement pour moi, les conditions n'étaient pas favorables sur place ».

« Nous sommes traités là-bas comme des moutons, la police algérienne nous guettait chaque fois dans ses patrouilles. Vu ces conditions, je me suis inscrit à l'OIM sur la liste de retour volontaire », a-t-il fait savoir.

Fodié Tandjigoura, spécialiste des questions migratoires et des relations interethniques, renchérit en affirmant que « la persistance du phénomène migratoire est liée à une chute de possibilités de pouvoir vivre et travailler sur place. Ce qui fait que les jeunes de tout âge essayent de partir en migration pour avoir un lendemain meilleur. Aussi, il faut ajouter qu' il y a une valorisation liée à la migration. Celui qui a migré et celui qui n'a pas migré n'ont pas le même statut dans les sociétés de départ ».

« On préfère migrer pour avoir voix au chapitre, pour pouvoir se marier avec les femmes qu'on aime, entre autres. Donc, la migration est perçue comme une échelle de promotion sociale au détriment, malheureusement, de l'école, donc tout ceci explique la persistance du phénomène migratoire pour le cas du Mali ».


-Besoin d'assistance psychologique et raisons du refoulement

Mohamed Lamine Bane chargé de la migration au Haut conseil des Maliens de l'extérieur précise que « ces migrants ont été assistés. Ceux qui ont exprimé le besoin d'une assistance pour un retour volontaire ont été rapatriés par un vol affrété par l'OIM en partenariat avec le gouvernement à travers le ministère des Maliens établis à l'extérieur ».

« Certains tentaient de traverser l'Algérie et de rejoindre la Méditerranée dans le but de prendre ce couloir pour aller en Europe » a expliqué Bane. « D'autres, par contre, n'étaient même pas sur ce couloir européen mais qui avaient expiré leur droit de séjour ».

Et de préciser : « Il n'y a pas de visa entre le Mali et l'Algérie, on peut s'y rendre sans visa, mais c'est pour une période déterminée, en l'occurrence 3 mois. Passé ce délai, la personne concernée doit régulariser sa situation ou sortir du pays. Pour diverses raisons, beaucoup ne respectent pas cette procédure et lorsqu'ils sont pris dans les nasses de la police, ils sont expulsés du pays ».


- Violation des accords de libre de circulation

« Beaucoup de pays qui refusent les migrants le font en violation des accords de libre circulation » a martelé Fodié Tandjigoura spécialiste des questions migratoires et des relations interethniques, rappelant que « beaucoup de pays du Maghreb ont signé avec le Mali des accords de libre circulation, jusqu'à concurrence de 3 mois de séjour. Certains sont là-bas depuis plusieurs années, mais il y en a qui reviennent, ils sont refoulés tout simplement ».

Et Tandjigoura d'ajouter : « Les refoulements ne sont pas faits dans les règles de l'art, dans le respect de la dignité de la personne humaine ».

Selon Mohamed Lamine Bane, chargé de la Migration au Haut conseil des Maliens de l'extérieur, « de janvier à ce jour plus de 8000 personnes toutes origines confondues ont été expulsées de cette manière du territoire algérien ».


-Réinsertion socio-économique

Pour ces malheureux migrants qui reviennent au pays, il existe deux catégories de réinsertion économique selon Mohamed Lamine Bane.

« Ceux qui reviennent par le canal de l'OIM bénéficient automatiquement, à leur arrivée, d’un pécule financier qui leur permet de rejoindre le domicile soit 56 mille francs CFA (96 dollars). Au bout de quelque temps après le profilage, ils peuvent bénéficier soit de formation, soit de kits de réinsertion », insiste-t-il.

« Ces kits de réinsertion tournent généralement autour de 500 000 (856,9 dollars) à 600 000 francs CFA (1028,28 dollars) pour certains. 300 000 francs (514,14 dollars) pour d'autres, tout dépend du profil et du projet présenté par le migrant de retour », poursuit Bane.

Mohamed Lamine Bane ajoute que « ceux qui viennent par les autres canaux, suivant les ressources budgétaires disponibles, montent des projets en demandant un financement auprès du ministère des Maliens établis à l'extérieur. La Primature met à sa disposition des fonds pour la réinsertion des migrants à travers le BSI (Budget spécial d'investissements) ».

La Cité d'accueil et d'information des Maliens de l'extérieur « forme les migrants, les sensibilise et procède à leur profilage », selon son administrateur, Yaya Koné.

Dans ce contexte, Fodié Tandjigoura spécialiste des questions migratoires et des relations interethniques appelle à une sensibilisation dans la longue durée et à aider les jeunes qui n'ont pas migré à pouvoir vivre et travailler sur place en créant des activités génératrices des revenus, de l'irrigation par exemple, de la culture hors sol, pour retenir une population potentiellement migrante.

« Tant qu’on n’aura pas réussi à créer les conditions de fixation des jeunes par l'emploi, ils iront toujours dans des endroits où on peut trouver de l'emploi et s'épanouir », conclut-il.


Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın