Maroc/. Le leader du mouvement populaire du Rif retire son mandat de défense à l'un de ses avocats
Nasser al-Zafzafi a déclaré se dissocier des déclarations de l'avocat Ishaq Shariya prétendant que Zafzafi avait rejeté une tentative, d’un chef de parti d'opposition, de conspirer contre le roi.

Rabat
AA /Rabat / Mohamed Tahiri
Le leader du mouvement populaire du Rif, dans le nord du Maroc, Nasser Zafzafi ainsi que 37 de ses codétenus, ont informé la Cour d'appel de Casablanca qu’ils avaient retiré leur mandat de défense à l'avocat Ishaq Shariya. En cause, une déclaration de ce dernier voulant que Zafzafi aurait refusé de participer à une conspiration contre le monarque marocain, le Roi Mohammed VI.
Des médias locaux ont rapporté que lors de son plaidoyer mardi dernier, Shariya avait déclaré que Ilyas El Omari, secrétaire général du Parti authenticité et modernité, PAM (opposition), avait tenté de communiquer avec son client Zafzafi et de négocier avec lui pour conspirer contre le roi, ce que Zafzafi a refusé, soulignant que les revendications du mouvement de protestation étaient “sociales”.
Immédiatement après le début de l’audience d'aujourd'hui, Zafzafi et 37 de ses camarades ont remis à la cour un document déclarant: “Nous soussignés, n'avons rien à voir avec les déclarations faites par Ishaq Shariya lors d'une audience précédente et nous nous dissocions de ces déclarations(...) De ce fait, nous retirons à l'avocat Shariya son mandat de plaider dans cette affaire”.
Zafzafi a également retiré son mandat de défense à l'ancien bâtonnier du barreau de Rabat, l'avocat Mohamed Ziane, qui avait appuyé les déclarations de Shariya, bien qu'il ait dit qu'elles étaient “exagérées”.
Ziane a déclaré à Anadolu : “Zafzafi et ses compagnons auraient dû immédiatement nier les déclarations de Shariya, non une semaine plus tard”.
Il a ajouté que “des personnes (qu’il n’a pas nommé) avaient sorti les détenus de prison et les avaient soumis à des pressions pour qu’ils nient la véracité des déclarations de Shariya”.
La brigade nationale de la police judiciaire de Casablanca avait convoqué Zafzafi pour l'interroger sur les propos de son avocat concernant un complot contre le roi.
“Zafzafi a le droit de choisir qui le défend et de retirer son mandat de défense quand il le souhaite”, a insisté Ziane.
Ilyas El Omari a nié, dans un communiqué publié par son avocat Ahmed Arehmouch, les déclarations de Shariya et a déclaré qu’elles avaient été "fabriquées" et appelé à diligenter "une enquête urgente sur l'affaire".
Zafzafi et plus de 50 autres militants du mouvement populaire du Rif sont détenus pour avoir prétendument porté atteinte à la sécurité intérieure du royaume. Les charges pour lesquelles ils sont jugés sont passibles de la peine de mort ou de la réclusion à perpétuité.
Depuis octobre 2016, la ville d'Al Hoceima et un certain nombre de villes et villages de la région du Rif (nord), protestent pour revendiquer le droit au développement de la région et pour mettre fin à la marginalisation et à la lutte contre la corruption, selon les protestataires.
À la fin du mois d'octobre dernier, le monarque marocain avait limogé quatre ministres, en raison de lacunes dans la mise en œuvre d'un programme de développement rural dans la région du Rif.
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