Afrique

Maroc/Hirak: Des verdicts "entachés par des soupçons de torture "( HRW)

-Human Rights Watch a appelé la Cour d'appel de Casablanca à tenir compte d’éléments prouvant que la police avait torturé des accusés.

Nadia Chahed  | 30.11.2018 - Mıse À Jour : 30.11.2018
Maroc/Hirak: Des verdicts "entachés par des soupçons de torture "( HRW)

Tunis


AA/Tunis

La Cour d’appel de Casablanca, qui doit rejuger des manifestants et activistes du Rif, devrait tenir compte d’éléments prouvant que la police avait torturé des accusés, a déclaré l'organisation Human Rights Watch (HRW), vendredi, rappelant que le procès en appel s’est ouvert le 14 novembre 2018.

Le 26 juin, un tribunal de première instance avait condamné l’ensemble des 53 accusés à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison après avoir retenu leurs "aveux" comme preuves à charge, et balayé leurs réfutations desdits "aveux" , qu’ils disaient arrachés sous la contrainte, indique l'ONG.

HRW souligne, en outre, que dans son jugement de 3 100 pages, le tribunal n’a pas expliqué pourquoi il avait écarté des rapports médicaux suggérant qu’au moins une partie des accusés avaient subi des violences policières pendant ou après leurs arrestations.

Le Hirak, un mouvement de protestation socio-économique né en 2016 dans la région du Rif, dans le nord du Maroc, avait organisé plusieurs grandes manifestations pacifiques jusqu’à ce qu’une vague de répression policière en mai 2017 se solde par l’arrestation de plus de 400 activistes, rappelle l'organisation de défense des droits de l'Homme.

Cinquante-trois d’entre eux, dont les leaders du mouvement, ont été transférés à Casablanca puis jugés dans un procès collectif qui a duré plus d’un an.

Le 26 juin 2018, le tribunal de première instance de Casablanca les a tous reconnus coupables de divers chefs d’accusation – notamment atteinte à la sécurité intérieure de l’État, incendie criminel, rébellion, agression d’agents de police dans l’exercice de leurs fonctions, dégradation de biens publics et organisation de manifestations non autorisées – et les a condamnés à des peines allant de un à vingt ans de prison.

En août, le roi Mohammed VI a gracié 116 prisonniers du Hirak, dont 11 du groupe de Casablanca – mais parmi eux, aucun leader, indique HRW.

Les 17 et 18 juin 2017, des médecins légistes mandatés par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), un organe étatique indépendant, ont ausculté 34 détenus du Hirak, dont 19 du groupe de Casablanca.

Leurs rapports médicaux indiquent que les blessures subies par certains détenus présentaient un "degré de concordance élevé"ou "moyen" avec leurs allégations d’abus policiers. Le 3 juillet 2017, des médias marocains ont fait fuiter ces rapports.

Le CNDH a déclaré ce jour-là que les rapports n’avaient pas été finalisés donc n’étaient pas officiels. Mais le lendemain, le ministre de la Justice Mohamed Aujjar annonçait qu’il avait ordonné que des copies soient envoyées aux procureurs des tribunaux d’Al Hoceima et de Casablanca "afin d’inclure ces expertises aux dossiers […] et ce afin de prendre les mesures légales qui s’imposent".

Selon les procès-verbaux de leurs audiences devant le juge d’instruction chargé de l’affaire, 50 des 53 accusés ont déclaré que durant leurs interrogatoires au siège de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), à Casablanca, des policiers avaient fait pression sur eux, d’une façon ou d’une autre, afin de leur faire signer des aveux auto-incriminant sans même lire leur contenu, précise HRW.

Et d'ajouter que parmi ces accusés, 21 ont déclaré que les policiers avaient menacé soit de les violer, soit de violer leurs épouses ou leurs filles mineures.


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