MALI : Les leaders du M5-RFP défient la CEDEAO
- Au terme d’un sommet extraordinaire, tenu jeudi par visioconférence, la CEDEAO a imposé des sanctions contre le Mali suite au coup d’Etat du 18 août dernier contre Ibrahim Boubacar Kéita.

Bamako
AA / Bamako / Moussa Bolly
Le Comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a transformé son grand rassemblement de ce vendredi sur la Place de l’Indépendance de Bamako en une tribune pour défier la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).
Au terme d’un sommet extraordinaire, tenu jeudi par visioconférence, la CEDEAO a exigé le rétablissement d’Ibrahim Boubacar Kéita dans ses fonctions de président de la République.
Les dirigeants du M5-RFP se sont ainsi succédé à la tribune, pour s’adresser à une marée humaine et défier notamment l’organisation sous-régionale qui a imposé, jeudi, des sanctions contre le pays suite au coup d’Etat du 18 août dernier contre Ibrahim Boubacar Kéita.
«Le Mali n'est pas obligé de rester dans la CEDEAO. Et le Mali à l'extérieur de la CEDEAO n'est pas forcément un Mali de misère. Au contraire, nous devons nous poser des questions», a attaqué Dr Oumar Mariko du Comité stratégique du mouvement.
«Le Mali est un pays carrefour dont ils (pays de la CEDEAO) ont tous besoin. Nous n'accepterons pas le chantage de la CEDEAO, nous ne pouvons pas chasser IBK (Ibrahim Boubacar Kéita) et avoir peur de la CEDEAO», a ajouté Issa Kaou Djim, coordinateur des mouvements, associations et sympathisants de l'Imam Mahmoud Dicko (CMAS).
«La CEDEAO est l'enfant du Mali qui a grandi à côté de son père et l'a aidé à sortir de la crise en 2012. Nous ne comprenons pas aujourd'hui pourquoi la CEDEAO s'acharne sur le Mali», a souligné Dr Choguel Maïga, président du Comité stratégique du M5-RFP.
«Dans toute l'histoire de l'humanité, les sanctions et les embargos fragilisent toujours les plus pauvres. Que l'on ait pitié de ce peuple qui vit au jour le jour», a rappelé Me Mountaga Tall de l’instance dirigeante du Mouvement.
L’Imam Mahmoud Dicko, autorité morale de l’opposition malienne, a néanmoins souhaité que la mission de la CEDEAO, attendue samedi dans le pays, soit accueillie avec les honneurs. «Je vous demande d'accueillir ceux qui vont arriver demain, nous sommes un peuple hospitalier», a-t-il déclaré.
Le leader religieux a profité de l’opportunité pour annoncer son retrait du devant de la scène politique. «J'ai entendu beaucoup de choses, mais je le répète, je suis et je resterai un imam. Maintenant je retourne dans la mosquée. Je suis dans cette lutte, ce n'est pas pour me positionner», a déclaré l’Imam Dicko dissimulant à peine son bonheur d’avoir conduit sa lutte à la démission du président Ibrahim Boubacar Kéita.
«Les FDS (Forces de défense et de sécurité) se sont interposés pour éviter à notre pays un bain de sang et pour retrouver la voie de la dignité et de l'honneur qu'elle n'aurait jamais dû quitter», a également souligné Dr Choguel Maïga.
«Nous sommes contents d'être avec vous cet après-midi. Nous remercions le peuple malien. Notre travail a été de parachever votre combat», a avoué le Colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), qui a participé au meeting de vendredi en compagnie du Colonel Malick Diaw.
Alors que la CEDEAO et la communauté internationale exigent de la junte le retour sans délai à l’ordre constitutionnel au Mali, le CNSP ne sait pas pour le moment quand est-ce qu’il pourra transmettre le pouvoir aux civils. «Il nous faut d'abord mettre en place une transition politique menée par un militaire ou un civil», a déclaré hier à la presse le Colonel-major Ismaël Wagué.
A noter que, depuis jeudi, les militaires ont entrepris des consultations en vue de lancer la transition politique au Mali.
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