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Mali: La force du G5 Sahel sera plus efficace contre le terrorisme que Barkhane et la Minusma

- "La force conjointe du G5 Sahel est sans doute la porte de sortie la plus honorable pour l’Opération française Barkhane dont le bilan dans la lutte contre le terrorisme est mitigé" (consultant politique)

Slim Jerbia  | 05.07.2017 - Mıse À Jour : 06.07.2017
Mali: La force du G5 Sahel sera plus efficace contre le terrorisme que Barkhane et la Minusma

Bamako

AA/Bamako/Moussa Bolly

«La force conjointe contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne lancée par le G5 Sahel aura plus de chance de lutter efficacement contre le terrorisme dans la région, que les forces françaises Barkhane ou les forces onusiennes de la Minusma», a estimé Amadou Alpha Ly, consultant indépendant spécialiste des questions de sécurité et de développement dans la bande sahélo-saharienne, interrogé par Anadolu.

«En déployant de part et d’autres des frontières sensibles comme Mali-Niger, Mali-Burkina ou Mauritanie-Mali, ses bataillons pourront sérieusement réduire la mobilité des groupes terroristes. Ce qui serait un atout important pour les combattre», a-t-il ajouté.

Dimanche dernier, le président français, Emmanuel Macron, a annoncé avec les états du G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad) le lancement de la force conjointe de lutte contre le terrorisme.

Déployée dans un premier temps aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la force du G5 soutenu par la France, s’ajoutera à l’opération française Barkhane qui traque les « djihadistes » dans le Sahel et à la Mission de l’ONU au Mali (Minusma). Elle devrait démarrer dès le mois d'août avec environ 5.000 hommes fournis par les cinq pays, qui ambitionnent de doubler cet effectif à terme.

Pour certains experts, la France a toutes les raisons de peser de tout son poids pour que cette force opérationnelle soit efficace. «La force conjointe du G5 Sahel est sans doute la porte de sortie la plus honorable pour l’Opération Barkhane au Sahel», a déclaré à Anadolu, Kader Toé, un chroniqueur politique indépendant à Bamako.

« Le président Emmanuel Macron en est conscient, c’est pourquoi l'Elysée œuvre à substituer cette force conjointe à Barkhane qui pourra ainsi se désengager d'un bourbier de plus en plus manifeste et surtout coûteux… pour un bilan mitigé en termes de lutte contre le terrorisme».

Pour de nombreux observateurs, l’efficacité de cette force conjointe sera liée à sa capacité à maîtriser «la porosité des frontières» qui est un facteur important de fragilité des dispositifs militaires et sécuritaires au niveau national, poursuit-il.

«On ne le dit pas assez souvent, mais la Minusma et surtout l’opération Barkhane sont perçues par les populations locales des zones d’intervention comme des forces étrangères d’occupation avec qui elles refusent souvent de coopérer», a commenté à Anadolu, un diplomate africain en poste à Bamako et qui a requis l’anonymat en raison de ses fonctions.

Et de poursuivre, «cette nouvelle force conjointe ne doit pas souffrir d’un tel handicap».

«Le fait aussi que ses bataillons vont évoluer en terrain connu est un atout par rapport à la Minusma et à Barkhane qui seront toutefois incontournables en termes de renseignements», a-t-il précisé.
Pour Amadou Alpha Ly, c’est désormais « une course contre la montre pour mobiliser les fonds face à cette urgence sécuritaire qu’est la menace terroriste ».

Si la communauté internationale veut réellement contribuer à la stabilisation du Sahel, le G5 Sahel doit pouvoir rapidement opérationnaliser cette force dont l’importance n’est plus à démontrer. Et cela d’autant plus que, depuis quelques mois, on constate à une recrudescence des attaques terroristes dans les cinq pays, notamment au Mali et au Niger», a-t-il précisé.

«Les enjeux du déploiement de la force conjointe sont donc sécuritaires, politiques, économiques voire géostratégiques parce que cette situation alimente la haute criminalité notamment, la migration clandestine et le trafic des êtres humains. Et aujourd’hui, la migration est une sérieuse menace à la stabilité politique de l’Union européenne», a conclu M. Ly.

A Bamako, dimanche dernier, Emmanuel Macron a annoncé une «conférence des donateurs» qui doit se tenir dans les prochains mois pour soutenir le G5 Sahel.

Pour le moment, seuls 50 millions d'euros, sur les 423 millions nécessaires pour la mise en oeuvre de la force conjointe, sont disponibles avait déclaré, dimanche, le président malien Ibrahim Boubacar Kéita.

Dans un entretien à la presse en marge du sommet de l’Union africaine qui s’est tenu lundi et mardi à Addis-Abeba (Ethiopie), le président nigérien Mahamadou Issoufou avait pour sa part déclaré que «la force du G5 Sahel doit disposer de tous les moyens de la Minusma, y compris de son budget, composé de près d’un milliard de dollars».

«C’est une proposition réaliste car cela pourra résoudre l’équation du financement et réellement doter la région sahélienne d’une puissance de feu pour enrayer la menace terroriste. Et surtout que, sur le plan militaire, la Minusma n’a jamais réussi à prouver son efficacité pour par exemple sécuriser le centre et le nord du Mali afin de favoriser la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali», a réagi Kader Toé.

La bande sahélo-saharienne est minée par des conflits et des fauteurs de troubles de tout acabit. Des groupes extrémistes et autres indépendantistes en plus des narcotrafiquants qui se servent de la zone comme carrefour, favorisent le maintien de l’insécurité et du désordre.

Au Mali, les groupes terroristes liés à Al-Qaïda qui avaient pris, en 2012, le contrôle de larges pans du territoire Nord malien, ont été en grande partie chassés par l' intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France. Cependant des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières qu'ils ne parviennent pas à endiguer.

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