Mali : La composition du CNT sur la sellette
Les militaires accusés de contrôler le Conseil de transition

Mali
AA/ Kané Illa
Le Mouvement du 5 Juin et Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) au Mali a rejeté, jeudi, la composition du Conseil National de Transition (CNT), au lendemain de la publication des décrets présidentiels pour la mise en place de cet organe.
Dans une déclaration publiée à l'issue d'une réunion de son "comité stratégique", le M5-RFP a indiqué n'avoir pas été officiellement saisi sur la mise en place du Conseil, dénonçant "une militarisation à outrance" du CNT.
"Le comité stratégique a décidé que le M5-RFP ne répondra pas à ce document", a ajouté le communiqué, faisant allusion au décret du président de la transition sur la composition du CNT. "Pourquoi un organe législatif se trouve majoritairement contrôlé par les militaires", a insisté le M5-RFP, estimant que "la démocratie et la République sont en danger de capitalisation".
Ce regroupement de partis politiques, d'associations religieuses et de la société civile, qui a mené la contestation jusqu'à la chute du régime d'Ibrahim Boubacar Keita, menace de « remobiliser les Maliens pour imposer le changement ».
D'autres forces politiques, comme l'alliance « Espérance nouvelle », rejettent aussi la composition du CNT.
Les autorités maliennes de transition ont publié, mardi, les décrets portant sur les conditions d'éligibilité et sur la composition du Conseil National de Transition, la seule institution de la transition qui n'a pas encore été mise en place à ce jour.
Selon les termes du premier décret, publié sur le journal officiel, pour être membre de cet organe de transition, il faut, entre autres, être de nationalité malienne d'origine, jouir de ses facultés physiques et mentales et n'avoir jamais fait l'objet d'une condamnation pénale.
Le même décret précise que c'est le vice-président de la transition qui arrêtera la liste des membres du Conseil. Cette liste fera ensuite l'objet d'un décret présidentiel. Quant au deuxième décret, il explique les normes de répartition des membres du Conseil National de Transition. Ainsi les forces de défense et de sécurité disposeront de 22 sièges au sein de ce Conseil, le M5-RFP de 8 sièges, les partis et regroupements politiques disposeront quant à eux de 11 sièges.
La société civile, les organisations de défense des droits de l'homme, les Maliens de l'étranger et les signataires de l'accord de paix seront eux aussi représentés au sein de ce Conseil.
Aucune date n'a toutefois été donnée quant à la mise en place de ce Conseil. Les candidats sont seulement tenus de déposer leurs dossiers dans un délai de 48h à partir de la publication des deux décrets présidentiels.
Au lendemain du coup d'État du 18 août dernier, le Mali a entamé une transition politique dirigée par Bah N'Daw, un ancien militaire.