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Mali : 14 morts et 40 blessés lors des manifestations antirégime de juillet 2020 (Minusma)

Lassaad Ben Ahmed  | 28.12.2020 - Mıse À Jour : 29.12.2020
Mali : 14 morts et 40 blessés lors des manifestations antirégime de juillet 2020 (Minusma)

Mali

AA / Bamako / Moussa Bolly

La répression des manifestations organisées entre le 10 et le 13 juillet 2020 par le Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) pour exiger la démission du président malien Ibrahim Boubacar Kéita (finalement renversé par le Comité national pour le salut du peuple/CNSP le 18 août dernier) ont fait 14 morts et 40 blessés en juillet dernier, a indiqué un rapport d’enquête publié ce lundi par la mission onusienne au Mali (Minusma).

Intitulé «Rapport sur les violations et atteintes aux droits de l’Homme commises dans le cadre des manifestations du 10 au 13 juillet 2020 au Mali», ce document a été rédigé sur la base d'entretiens avec les victimes, des témoins directs et indirects et/ou les membres de leurs familles, les leaders du M5-RFP, les groupements de femmes et de jeunes ainsi que des membres des organisations de la société civile de Bamako et de Sikasso, le personnel médical des hôpitaux et centres de santé…

L’équipe d'enquête a également eu des séances de travail avec des membres du gouvernement (Sécurité et de la Protection civile, Justice et des Droits de l’homme), le président de l’Assemblée nationale dissoute le 18 août, les gouverneurs de Bamako et de Sikasso, les responsables des services de police, de la gendarmerie ainsi que les autorités judiciaires et certaines personnalités visées par les contestations populaires.

«Au terme de cette mission d’enquête, la MINUSMA est en mesure d’établir que, les 10, 11, 12 et 13 juillet à Bamako, quatorze manifestants, tous de sexe masculin dont deux enfants, ont été tués lors des interventions des forces de maintien de l’ordre, notamment la Gendarmerie nationale, la Police nationale, la Garde nationale et la Force spéciale anti-terroriste (FORSAT) qui, dans certains cas, ont fait un usage excessif de la force», a indiqué le rapport.

Et au moins 40 manifestants ont été blessés lors de l’intervention des forces de l’ordre et 118 agents des forces de défense et de sécurité, dont 81 fonctionnaires de police, ont été blessés du fait d’actes de violence imputables aux manifestants.

Au moins 200 personnes (dont six femmes et sept enfants) ont également été «arrêtées et détenues arbitrairement» à Bamako, respectivement à la Brigade de recherche de la gendarmerie de Bamako (au Camp 1) ainsi que dans les commissariats de police des 3e, 7e et 10e arrondissements de Bamako dans le cadre de ces évènements.

Toutefois, a précisé le rapport, toutes ces personnes ont par la suite été libérées le 13 juillet 2020 sur instruction des parquets d’attache.

«Ces faits constituent des violations et atteintes aux droits de l’Homme, y compris des exécutions sommaires, extrajudiciaires ou arbitraires et des atteintes au droit à l’intégrité physique et morale», a indiqué la Minusma en assurant que «toutes les preuves et autres documentions collectées» au cours de l’enquête seront mises à la disposition des autorités judiciaires, à leur requête et conformément au protocole établi.

Le Chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, a exhorté les autorités maliennes à «conduire des enquêtes indépendantes, impartiales, crédibles et transparentes pour situer les responsabilités et traduire les auteurs des violations de droits de l’Homme et actes de violence devant la justice».

Il a aussi encouragé les autorités de la transition à «redoubler d’efforts» dans la lutte contre l’impunité et à continuer à «assurer le respect des droits de l’Homme et du droit international humanitaire».

Pour rappel, la mauvaise gestion des contentieux électoraux (législatives du 29 mars et 19 avril 2020) a entraîné la contestation du régime du président Ibrahim Boubacar Kéita par une grande partie de la classe politique, de la société civile, des activistes, des leaders religieux… réunis au sein du M5-RFP qui avait appelé à la désobéissance civile le 10 juillet 2020 pour exiger sa démission.

Ainsi, entre le 10 et le 13 juillet, des manifestants ont vandalisé, pillé et incendié différents sites ainsi que des biens publics et privés tout en érigeant des barricades sur certains axes routiers de la ville. Ce qui, a aussi précisé le rapport de la Minusma, «constitue des violations du Code pénal national et sont punissables par les juridictions compétentes» au regard de la loi malienne.

Ces manifestations ont été souvent violemment réprimées par les forces de sécurité, notamment à Badalabougou aux alentours de la résidence de l’Imam Mahmoud Dicko (autorité morale de la contestation) et celle de l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle.

Une information judiciaire a été officiellement ouverte au niveau tribunal de Grande instance.

Le mouvement de contestation a cessé après le coup d'Etat du 18 août 2020.

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