Madagascar:L’opposition saisit le Conseil d’Etat après l’interdiction de manifester dans les régions
-Malgré le fait que certains articles de la loi électorale contestée par l'opposition, ont été déclarés anticonstitutionnels, la tension est toujours vive à Madagascar où les manifestants réclament depuis deux semaines le départ du président malgache

Antananarivo
AA/Antananarivo/Sandra Rabearisoa
Les députés de l’opposition malgache ont saisi vendredi le Conseil d’Etat après l’interdiction émise par le gouvernement de manifester dans les régions, a appris Anadolu de source officielle.
Malgré le fait que certains articles de la loi électorale contestée par l'opposition, ont dernièrement été déclarés anticonstitutionnels, la tension est toujours vive à Madagascar où les manifestants réclament depuis deux semaines le départ du président malgache Hery Rajaonarimampianina.
Face à la contestation grandissante, le gouvernement a interdit, mardi dernier, les manifestations dans les provinces de la Grande Ile. Une décision qualifiée de « violation du droit fondamental » par les députés de l’opposition.
Ces derniers ont donc décidé de saisir le Conseil d’Etat à travers une plainte déposée dans la matinée de vendredi au siège de cette juridiction à Anosy, Antananarivo.
Le gouvernement a justifié pour sa part l’interdiction en expliquant qu’« il a été réitéré que des consignes fermes ont déjà été données aux diverses autorités des provinces pour interdire toute manifestation politique sur la voie publique. Et ce, pour préserver l’ordre public et pour maintenir la sécurité des personnes et des biens ».
Une mesure qui « sous entend clairement que les manifestations sont uniquement autorisées dans la Capitale », selon l’interprétation des opposants qui portent désormais l’appellation de « députés pour le changement ».
« Pourquoi appliquer une telle discrimination ? », s’interroge Brunel Razafitsiandraofa, député pour le changement joint par Anadolu.
Le 21 avril dernier, les députés de l'opposition ainsi que des indépendants ont initié un rassemblement dans la capitale Antananarivo afin d'informer et de sensibiliser la population sur les lois électorales controversées mais adoptées à l’Assemblée Nationale (et depuis annulées).
Une manifestation interdite qui s’est terminée par un affrontement entre les forces de l’ordre et les manifestants avec un bilan de deux morts et 17 blessés, selon des sources hospitalières.
Au lendemain de cet affrontement meurtrier, la Préfecture d’Antananarivo a décidé d’autoriser les manifestations dans la capitale sous l’encadrement des forces de l’ordre pour éviter les débordements.
Depuis, les députés de l’opposition de la capitale malgache tiennent des meetings réguliers devant le parvis de l’hôtel de ville à Analakely, Antananarivo sans être inquiétés.
Commentant l’interdiction, l’organisation internationale Amnesty international a déclaré dans un communiqué publié mercredi que « l’interdiction des manifestations publiques imposée par le Gouvernement malgache ne doit pas être utilisée pour cibler des manifestants ni pour ériger en infraction la liberté de réunion pacifique et la liberté d’expression ».
« Les autorités malgaches doivent respecter leurs obligations nationales et internationales de créer un environnement dans lequel les manifestants peuvent exercer leurs droits fondamentaux », poursuit le texte.
En revanche, Amnesty international s’adresse aussi à l’opposition en indiquant que « la liberté d'expression doit également être respectée par l’opposition » en citant le cas des « personnes qui choisissent de ne pas participer aux manifestations contre le Gouvernement».