Madagascar : Les crânes du roi Toera et de ses deux guerriers rapatriés
- 128 ans après la colonisation française, ces reliques reviennent enfin au pays.

Antananarivo
AA / Antananarivo / Sandra Rabearisoa
Annoncé officiellement depuis plusieurs mois, le rapatriement des crânes ou « kabeso » du Roi malgache Toera et de deux de ses guerriers à Madagascar a été effectué dans la soirée du lundi 1ᵉʳ septembre.
Un retour historique qui intervient, 128 ans après la colonisation française. Le Roi Toera et ses guerriers se sont fermement opposés à la colonisation et ont décidé de se battre jusqu’au bout aux côtés de tout le peuple Sakalava dans la localité d’Ambiky, dans la région Menabe (dans le sud-ouest de Madagascar). Une rébellion qui a conduit à leur décapitation dans la nuit du 29 août 1897.
Leurs crânes ont, par la suite, été emportés comme des trophées par les membres de l’armée coloniale en France.
Le rapatriement des « kabeso » a finalement été approuvée par le gouvernement français au terme de plusieurs années de négociations diplomatiques engagées depuis l’année 2020. Les reliques ont été mises à l’honneur au cours d’une cérémonie organisée dans la matinée du 2 septembre au Mausolée des anciens combattants sis à Avaratr’Ambohitsaina, Antananarivo, en présence du Président Andry Rajoelina. « Nous commémorons aujourd’hui le courage du peuple Sakalava et de leur Roi pour protéger la patrie. (…) Il est de notre devoir de garder et de transmettre cette flamme du patriotisme en mettant en place une Nation digne ».
Après cette cérémonie, les crânes ont été placés soigneusement dans des caissons pour être transportés à bord d’un véhicule pour un parcours le long de la route nationale numéro 7. Les citoyens sont appelés à s’arrêter en signe de respect pendant leur passage. Le cortège passera par plusieurs villes avant de rejoindre la localité d’Ambiky pour être restitués aux familles et être inhumés conformément aux rites ancestraux de la région.
Après la restitution de ces crânes, la question liée aux îles éparses demeure un point de discordance entre Madagascar et la France qui remonte à la période coloniale.