Mode de Vie, Afrique

Madagascar : le riz, bientôt un produit de luxe ?

- Le prix du riz a doublé depuis le début de l'année sur la Grande Ile alors qu'il s'agit de l'aliment de base pour la majorité des Malgaches

Slim Jerbia  | 04.07.2017 - Mıse À Jour : 05.07.2017
Madagascar : le riz, bientôt un produit de luxe ?

Antananarivo

AA/Antananarivo/Sandra Rabearisoa

Le riz connait une hausse record cette année 2017 sur la Grande Ile de Madagascar. En l'espace de quelques mois son prix a même doublé passant de 1100 ariary le kilo (début janvier) à 2200 ariary (moins d'un usd) aujourd'hui, renseignent les vendeurs de riz.

Pourtant, cette denrée est l'aliment de base de la majorité des Malgaches habitués à en manger à chaque repas.

La hausse est d'autant plus insupportable que la majorité de la population vit encore sous le seuil de la pauvreté. Le revenu annuel par habitant est d'ailleurs de 440 Usd, soit 36 Usd par mois, selon le Programme des Nations Unies pour le développement, PNUD).

« Il y a quelques mois encore, nous avions l’habitude de consommer du riz le matin, le midi et le soir, mais aujourd’hui nous n’en mangeons que deux voire une seule fois par jour car cela coûte malheureusement trop cher. Nous sommes obligés de remplacer le riz par d’autres aliments de substitution comme le manioc, ou les pâtes », confie à Anadolu Raveloarisoa Niry, une mère de 4 enfants qui travaille comme lavandière et gagne environ 100 000 ariary (35 Usd) par mois.

Pointé du doigt par les consommateurs, les commerçants de riz qui changent régulièrement les étiquettes de prix sur leurs étals, renvoient la balle aux grossistes. « Nous affichons nos prix par rapport au coût du produit que nous achetons chez les grossistes. Si le prix de gros est cher, nous sommes obligés de vendre également plus cher », estime Tiana, un vendeur du marché de Tsimbazaza, à Antananarivo, rencontré par Anadolu.

Le début de l’année correspond toujours à l’entrée dans « la période de soudure » dans toutes les régions de Madagascar (période précédant les premières récoltes et où le grain de la récolte précédente peut venir à manquer), ce qui se traduit souvent par une pénurie et une augmentation des prix parfois accentuée par la spéculation, dans les mois qui suivent.

Mais cette année, cette tendance à la hausse s’est transformée en une véritable flambée soudaine depuis janvier. Dans d’autres régions, comme à Fort-Dauphin (dans le sud) ou à Mahajanga (dans le nord-est de la Grande île), le riz est quasiment devenu un produit de luxe puisqu’il atteint parfois 3000 ariary (un dollar) le kilo, d’après un document publié par l’Observatoire du Riz à Madagascar (ODR) en février dernier.

Cette hausse vertigineuse est d’autant plus incompréhensible étant donné que sur le marché international, les cours du riz ont demeuré fixes, d’après la même source qui justifie cette flambée par «l’existence de spéculation et de rétention de stock par certains grossistes, craignant une supposée mauvaise campagne rizicole du fait du déficit hydrique observé dans les principales zones de production à Madagascar en début d’année ».

L’annonce d’une probable perte de production rizicole cette année, en raison d’insuffisance pluviométrique dans certains bassins de production majeurs pour la campagne en cours, figure également parmi les raisons avancées par l’Observatoire du riz pour expliquer cette situation.

De la production mais pas d'auto-suffisance

Pour la campagne rizicole 2015-2016, la valeur de la production de riz a été estimée à 4 millions de tonnes selon le ministère de l’Agriculture. En revanche, pour cette année, la production a été perturbée par le passage du cyclone Enawo en mars dernier qui a forcé les riziculteurs à procéder aux récoltes prématurément.

Au même mois de mars, le ministère du Commerce a envoyé des émissaires pour effectuer des descentes en vue de contrôler le marché du riz. Plusieurs grossistes, pris en flagrant délit de spéculation, se sont ainsi vu saisir leurs stocks de riz, renseigne le responsable.

Le ministère a aussi pris l’initiative de réunir les principaux importateurs pour déclencher une opération d’importation afin de combler un gap estimé à 40.000 tonnes.

Les statistiques douanières malgaches confirment que Madagascar a importé environ 41.000 tonnes de riz pendant les deux premiers mois de 2017 venant essentiellement d'Inde, de Pakistan et de Thaïlande. Cette quantité est bien supérieure à celle de l’année dernière où les importations de riz cumulées janvier-février 2016 ont été évaluées à 24 000 tonnes.

Pour l'ensemble de l'année 2016, Madagascar avait importé environ 197 722 tonnes de riz d’après la même source. Ce qui devrait largement augmenter cette année.

Commentant la situation actuelle, Rakotomanga Soloalitiana, directeur général de la concurrence et de la consommation au ministère du commerce et de la consommation, a indiqué à Anadolu que son service effectuait « un relevé hebdomadaire des prix affichés sur le marché en vue de surveiller une nouvelle flambée. Une légère baisse devrait s’observer d’ici quelques semaines », pronostique-t-il.

Reconnaissant que le riz issu de la production locale est devenu très cher, Soloalitiana confie que ce ne pourra toutefois pas revenir à son coût initial au moment de la première hausse à la fin de l’année 2016 (1100 ariary).

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