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Madagascar / Emeutes meurtrières à Ikongo : L'opposition dénonce un « terrorisme d'État »

- Le député du district d’Ikongo dépose une demande pour la mise en place d'une commission d’enquête parlementaire.

Fatma Bendhaou  | 01.09.2022 - Mıse À Jour : 01.09.2022
Madagascar / Emeutes meurtrières à Ikongo : L'opposition dénonce un « terrorisme d'État »

Cameroon

AA / Peter Kum

Après les émeutes qui ont fait, lundi dernier, près de 20 morts à Ikongo, l’opposition malgache ne s’est pas fait attendre. Marc Ravalomanana, ancien chef d’État et principal leader de l’opposition, a parlé d’une « tuerie » et d'un "terrorisme d'Etat".
« Je parle de terrorisme d’État car ce sont les gendarmes et les forces de l’ordre qui ont tiré sur la population. Ils doivent protéger les gens et non pas leur tirer dessus. Ce n’est pas leur rôle. Je suis très choqué », a-t-il souligné sur une chaîne de télévision privée.
L’opposant malgache qui droit recroiser le fer avec le Président Andry Rajoelina à la présidentielle en 2023 a estimé que « l’Etat doit protéger la population et ses biens quelles que soient les circonstances ».
Dans un article publié mercredi par le journal local Midi Madagasikara, le coordonnateur national du parti Hery Vaovao ho an’i Madagasikara, Rivo Rakotovao, a parlé d’« actes brutaux » et soutenu que les « actes visant à interrompre une vie humaine quel qu’en soient les circonstances et les causes sont intolérables ».
Cet ancien président du Sénat (du 12 novembre 2017 au 25 janvier 2021) et ancien président de la République par intérim de septembre 2018 à janvier 2019, a par la suite souligné que « la vie humaine est si sacrée dans la culture malgache ».
Le député du district d’Ikongo, Jean Brunelle Razafintsiandraofa, a annoncé avoir déposé une demande pour la mise en place d'une commission d’enquête parlementaire sur le drame.
« Le meurtre est banalisé à Madagascar ces derniers temps. L’idée est de faire en sorte que ce qui s’est passé à Ikongo ne se reproduise plus dans d’autres régions de l’île », a indiqué le député devant quelques journalistes, selon la Tribune de Madagascar.
« Il se peut qu’il y ait des responsables qui auraient pris de mauvaises décisions où qui n’auraient pas agi en conséquence. Il n’y a qu’une enquête approfondie qui pourrait lever le voile sur ce qui s’est réellement passé », a poursuivi le député selon la même source.
Dans un communiqué, mercredi, l’Union européenne (UE) a exprimé « sa forte préoccupation suite aux confrontations entre la gendarmerie et la population à Ikongo le 29 août dernier ».
Elle condamne « l’usage excessif de la force ayant mené à la mort d’une vingtaine de personnes et appelle à une enquête indépendante afin d’établir les faits et de traduire en justice toute personne ayant enfreint la loi ».
Pour rappel, dix-neuf personnes ont été tuées, lundi 29 août, à Ikongo au Madagascar, après que des gendarmes, qui invoquent la légitime défense, ont ouvert le feu dans une caserne sur des habitants en colère, autour d'une sombre affaire d'enlèvement d'un enfant albinos.
Dans son communiqué mercredi, l’UE a rappelle son attachement à la lutte contre les violences contre les personnes atteintes d’albinisme. « Tout doit être fait pour protéger ces personnes et les soutenir dans leur lutte pour une vie sans discrimination, stigmatisation et violence », a insisté l’UE.

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