Madagascar: Adoption des lois électorales sous très haute tension à l’Assemblée Nationale

Antananarivo
AA/Antananarivo/Sandra Rabearisoa
Les députés malgaches ont adopté mardi sous haute tension les lois qui régissent les élections, et notamment l'élection présidentielle qui doit se tenir à la fin de cette année, a rapporté la correspondante de Anadolu.
Au terme de trois sessions extraordinaires, les lois électorales ont été adoptées au niveau de l’Assemblée Nationale par 79 députés (la majorité absolue étant fixée à 76 députés).
Il s’agit du Projet de Loi organique relative au régime général des élections et des référendums, du Projet de Loi organique relative à l'élection du Président de la République et enfin du Projet de Loi organique relative à l'élection des Députés à l'Assemblée Nationale.
Une adoption sous haute tension qui a fait des heureux mais également des malheureux. Les députés de l’opposition qui ont exigé des amendements sont sortis de la salle de séance au moment de l’adoption « pour ne pas cautionner cette adoption » selon leurs termes. Pour éviter les affrontements, le Président de l’Assemblée Nationale a même recouru aux agents des forces de l’ordre dans la salle de séance.
Dans la matinée, la presse locale a parlé de corruption et d’achats préalables des voix des députés pro-régime avant cette adoption.
Depuis leur publication le 26 février dernier, ces projets de lois organiques ont déjà fait l’objet d’une polémique au sein de la classe politique malgache. L’Ancien Président de la Transition, Andry Rajoelina qui est également pressenti candidat à la prochaine élection présidentielle a, lui-même, dénoncé plusieurs irrégularités dans ces textes lors d’une déclaration à la presse locale le 22 mars dernier.
L’ex-homme fort du régime transitoire évoque, entre autres, l’article 22 du projet de loi organique relative au régime général organique des élections et référendums. « Est-il juste qu’on exige des preuves aux
électeurs non inscrits dans la liste électorale ? Il ne faut pas déposséder les citoyens de leur droit », s’est interrogé le président national du parti Mapar.
Le Projet de Loi organique relative à l'élection du Président de la République suscite particulièrement la polémique. A l’exemple de l’article 6 qui stipule que « tout candidat aux fonctions de Président de la République, outre les conditions prévues à l’article 46 de la Constitution, doit (…) avoir rempli ses obligations fiscales et s’être acquitté de tous les impôts et taxes exigibles de toute nature et n’avoir jamais été condamné pour crimes ou délits (…) ».
Un article qui est interprété par la presse locale comme une tentative de disqualifier certains candidats, dont l’ancien Président Marc Ravalomanana en l’occurrence, qui a fait l’objet de plusieurs condamnations judiciaires dont la fusillade de manifestants pendant la crise politique de 2009 et les arriérés fiscaux non payées par sa société Tiko.
« Une victoire pour la démocratie et une étape de plus vers la tenue des élections cette année », c’est ainsi que le Premier Ministre Mahafaly Olivier Solonandrasana a qualifié mardi cette adoption des lois électorales dans un communiqué de la Primature dont Anadolu a reçu copie.
Bien que les dates exactes pour la tenue des élections prévues cette année 2018 n’ont pas encore été fixées, ces textes vont être soumis au Sénat après leur adoption par l’Assemblée Nationale.