
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le Président français Emmanuel Macron a reconnu que la France avait mené « une guerre » au Cameroun contre des mouvements insurrectionnels avant et après l’indépendance de 1960, dans un courrier adressé à Paul Biya et rendu public mardi.
Cité par la presse française, l’Élysée a précisé que le chef d'État français s’appuyait sur les conclusions d’un rapport d’historiens remis en janvier, établissant « clairement » qu’une guerre avait eu lieu et que les autorités coloniales, avec l’armée française, avaient exercé « des violences répressives de nature multiple ». Ces violences se sont poursuivies au-delà de 1960, avec l’appui de Paris aux autorités camerounaises nouvellement indépendantes.
Cette reconnaissance constitue une rupture dans le discours officiel, le terme même de « guerre » ayant longtemps été écarté des références françaises à cette période. Commandé en 2022 par Emmanuel Macron, le rapport de plus de 1.000 pages s’appuie sur des archives déclassifiées, des témoignages et des enquêtes de terrain pour documenter un épisode sanglant encore largement absent de la mémoire collective française.
Le rapport souligne que « côté français, la guerre du Cameroun est une terra incognita des mémoires sur le passé colonial... Côté camerounais, les mémoires sont marquées à vif ». Les historiens estiment que ce conflit, concentré dans le sud et l’ouest du pays entre 1956 et 1961, a probablement fait « des dizaines de milliers de victimes » et transgressé les droits humains ainsi que le droit de la guerre.
En reconnaissant officiellement ces faits, Emmanuel Macron s’inscrit dans une série d’initiatives visant à revisiter l’histoire coloniale de la France, après des gestes similaires concernant l’Algérie ou Madagascar.