AA / Khartoum

Sadiq al-Mahdi, le chef soudanais du Parti Al-Oumma, a annoncé samedi que 22 personnes sont mortes des suites de manifestations qui secouent le Soudan depuis mercredi.

Pour commenter les événements meurtriers dans le pays et exposer sa position, ce chef de l’opposition a tenu à Khartoum une conférence de presse qui a été suivie par le correspondant d’Anadolu.

En vue d'offrir un cadre aux manifestations spontanées, Al-Mahdi a proposé "d'organiser une marche massive afin de présenter au gouvernement un mémorandum contenant le projet d’un système alternatif au système de gouvernement actuel".

"Toutes les forces politiques du pays seront consultées sur les termes de cette proposition et le moment de sa soumission", a-t-il précisé.

"Si le gouvernement répond à la proposition, ce sera mieux, sinon, nous appellerons à une grève générale et le soulèvement s’en suivra", a-t-il mis en garde, sans donner plus de détails.

Al-Mahdi a souligné que "le mouvement pacifique auquel [nous] assistons est légitime au regard de la Constitution, qui garantit le droit de manifester".

Le dirigeant opposant a donc salué cette vague de protestation, la justifiant par "l'effondrement des services publics et le manque des moyens de subsistance". Il a toutefois dénoncé la violence de la riposte du régime, qui a fait 22 morts et des dizaines de blessés et d’interpellés.

"Nous condamnons la répression armée et saluons les forces de l'ordre qui se sont abstenues de recourir à la force face aux citoyens", a-t-il insisté.

Al-Mahdi a également appelé à "un nouveau gouvernement de transition avec une nouvelle constitution".

D'autre part, l'opposant soudanais a nié que son retour dans le pays il y a quelques jours soit lié à un accord avec le gouvernement d’Omar el-Béchir.

Al-Mahdi est rentré mercredi à Khartoum, après 10 mois d'absence.

Les manifestations contre la dégradation de la situation économique se poursuivent au Soudan samedi pour la quatrième journée consécutive.

Les manifestants sont descendus dans les rues de l'île d'Aba et d'Er-Rahad dans le nord du Soudan et dans la ville de Berber au sud du pays.

Selon des témoins oculaires, les manifestants à Er-Rahad ont incendié le siège du parti du Congrès national au pouvoir.

Des manifestations ont éclaté sur l’île d’Aba après les funérailles d’un citoyen tué lors des manifestations de vendredi contre la montée en flèche de l'inflation et la grave pénurie de pain.

L'île est le principal bastion du groupe religieux Al-Ansar dirigé par le chef de l'opposition Sadiq al-Mahdi.

Les autorités soudanaises ont déclaré qu'au moins huit personnes avaient été tuées lors des manifestations.

Vendredi, les autorités soudanaises ont annoncé l'état d'urgence et le couvre-feu dans plusieurs provinces à la suite des manifestations.