Liberté de presse en Tunisie : un bilan mitigé au bout de la première décennie après la Révolution
- Lors d'une table ronde pour la défense de la liberté et de l'indépendance de la presse.

Tunis
AA /Tunis/ Mounir Bennour
Pour la 10e commémoration de la Révolution tunisienne, dont la première étincelle a brillé le 17 décembre 2011, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a organisé, avec le concours de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et l'organisation World Press Photo, une table ronde sous le thème « La campagne de défense de la liberté et de l'indépendance de la presse et le cadre juridique et législatif propice à l'épanouissement d'un journalisme indépendant conformément aux normes internationales et aux principes et valeurs de la Déclaration sur la liberté de la presse dans le monde arabe ».
La table ronde a établi un état des lieux de la situation tunisienne en matière de liberté de presse après la fin du régime de Ben Ali, passant en revue tant les acquis que les lacunes de ce secteur en Tunisie.
La table ronde a vu défiler plusieurs personnalités politiques et journalistiques, dont la ministre de la Justice Thouraya Jeribi Khémiri, qui a donné le coup d'envoi du débat. Des personnalités tunisiennes et arabes ont aussi exprimé leurs points de vue concernant la situation de la presse en Tunisie.
Les diverses interventions ont éclairé plusieurs défis juridiques, politiques, sociaux et économiques qui se posent aujourd'hui face aux journalistes tunisiens et, plus globalement, à la liberté de presse et d'expression.
Si la Tunisie a été parmi les pays pionniers pour cosigner des initiatives internationales visant à renforcer les libertés de presse et d'expression, elle demeure néanmoins soumise à une absence de vision et de stratégie aptes à renforcer le rôle de la presse en tant que condition sine qua non pour la transition démocratique de la Tunisie.
Parmi les autres points cruciaux évoqués lors de cette table ronde, les dangers de la corruption, de la désinformation et de l’ingérence de certains partis politiques et hommes d'affaires dans le champ médiatique tunisien.
Les interventions au cours de cette table ronde n'ont d'ailleurs pas manqué d'évoquer les menaces qui guettent la liberté de presse dans le pays. Notamment par la législation tunisienne en la matière caractérisée au mieux par un flou juridique flagrant, au pire par une absence totale de législation.
Outre la mauvaise situation des journalistes travaillant dans un climat souvent difficile, au risque même de leur intégrité physique, les lois et les instances de régulations médiatiques actuelles font l'objet de critiques, car jugées trop limitées voire carrément menaçantes pour la liberté de presse et d'expression.
La table ronde s'est conclue avec la proposition de lignes directrices pour tenter de mettre en place une législation claire tenant compte des réformes d'autres secteurs vitaux pour le pays tels que la justice, l'éducation, l'économie, etc.
Bien que la Tunisie fasse office, aujourd'hui, d'une référence dans le monde arabe en matière d'acquis démocratiques et de libertés fondamentales, les perspectives de la presse dans le pays demeurent tout de même confrontées à des défis majeurs en matière de législation et de production journalistique et audiovisuelle de qualité.
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