
Greater London
AA / Londres / Aysu Bicer
L'ancienne ministre sud-africaine des Relations internationales et actuelle présidente de la Fondation Nelson Mandela, Naledi Pandor, a appelé samedi à des réformes urgentes des Nations unies, critiquant les disparités dans les réponses mondiales aux crises humanitaires.
Prenant la parole lors d'une table ronde internationale intitulée "Un monde plus juste est possible" à Londres, organisée par la Direction des communications de la Türkiye, Naledi Pandor a mis en lumière le traitement inégal des conflits mondiaux, en particulier en Palestine, en Ukraine et la crise des Rohingyas.
Elle a souligné que, bien que l'apartheid sud-africain ait été reconnu comme un crime contre l'humanité, les Palestiniens continuent d'être privés de libertés fondamentales sans la même condamnation internationale.
« La situation des Rohingyas serait un exemple très clair », a-t-elle déclaré, soulignant l'échec à protéger les communautés marginalisées malgré les engagements pris dans la Charte des Nations unies.
Naledi Pandor a également souligné le contraste dans les réponses mondiales à la guerre en Ukraine avec la Russie, par rapport au traitement des Palestiniens par Israël.
- Appel à une réforme du Conseil de sécurité de l'ONU
Pour garantir l'équité dans les affaires mondiales, Naledi Pandor a insisté sur la nécessité d'une révision fondamentale de l'ONU, en particulier du Conseil de sécurité.
« Nous devons être plus réfléchis au sein du corps de l'ONU, et lorsque nous parlons de réformes, je pense que ce dont nous parlons vraiment, c'est d'une modification fondamentale de la composition, des fonctions et de la prise de décision du Conseil de sécurité de l'ONU », a-t-elle déclaré.
Elle a également appelé à une plus grande impartialité dans l'application du Chapitre VII de la Charte de l'ONU, qui traite de la paix et de la sécurité, afin de tenir tous les régimes oppressifs responsables.
- L'Hémisphère sud doit s'unir
Naledi Pandor a déploré l'absence d'un contrepoids géopolitique à la domination occidentale depuis l'effondrement de l'Union soviétique, arguant que ce déséquilibre a affaibli le multilatéralisme et laissé l'Hémisphère sud dans une position désavantageuse.
« Dans notre propre lutte, dans les années 60, 70 et 80, nous avions un contrepoids à la puissante force du Nord, et c'était vraiment l'Union soviétique. Aujourd'hui, il n'y a plus de contrepoids. Nous avons permis l'existence d'une unipolarité qui nuit réellement au multilatéralisme », a-t-elle déclaré.
Elle a exhorté les pays de l'Hémisphère sud à s'unir au sein du système des Nations unies, en utilisant leur pouvoir de vote collectif pour pousser à des réformes longtemps attendues.
« Malheureusement, nous sommes une majorité en tant que Sud au sein de l'ONU, mais nous sommes la voix la plus faible que l'on entend dans les affaires mondiales », a déclaré l'ancienne cheffe de la diplomatie sud-africaine. « Nous avons donc besoin que le Sud se réveille. Nous devons former une force redoutable, car nous devons changer le contexte auquel sont confrontés tous ceux qui souffrent de l'oppression. »
Et d'ajouter : « Je crois vraiment que la liberté est possible, qu'un monde juste est possible (...) J'ai vécu ma vie en croyant en cela. Nous avons lutté contre l'apartheid en étant animée par cette croyance. »
*Traduit de l'anglais par Sanaa Amir