Afrique

Les travailleurs burundais ou les oubliés du 1er mai

Crise économique, pénuries alimentaires et flambée des prix de première nécessité accablent les travailleurs qui se plaignent de ne plus arriver à joindre les deux bouts.

Nadia Chahed  | 01.05.2017 - Mıse À Jour : 02.05.2017
Les travailleurs burundais ou les oubliés du 1er mai

Bujumbura

AA/Bujumbura/Yvan Rukundo

Au Burundi, pays secoué depuis deux ans, par une grave crise politique et sécuritaire, la fête du travail n'a pas le même goût qu'ailleurs.

Crise économique, pénuries alimentaires et flambée des prix de première nécessité accablent les travailleurs qui se plaignent de ne plus arriver à joindre les deux bouts.

Les fonctionnaires de l'État, et les enseignants en particulier- 79% des salariés de la fonction publique- refusent de célébrer cette fête.

"Survivre dans ce pays où le coût de la vie ne cesse d'augmenter avec des salaires qui stagnent est devenu un vrai combat", témoigne dans une déclaration à Anadolu, Emmanuel Mashandari, président du Conseil national pour le personnel enseignant (CONAPES). " Et ça ne s'arrête pas là, aujourd'hui, les enseignants se voient obligés de cotiser pour la construction des écoles, des stades..", ajoute-t-il.

Le loyer, le prix des produits alimentaires, du transport... tout a doublé voire triplé, déplore-t-il.

Fait confirmé par la réalité sur les marchés où on trouve le kilo de riz à 1,6 dollars alors qu'il était à 0.7 dollars avant la crise déclenchée dès avril 2015, date à laquelle le président Pierre Nkurunziza avait officialisé sa candidature pour un troisième mandat jugé "non-constitutionnel" par l'opposition, la société civile et une partie de son propre camp.

Le prix de la farine de manioc est passé de 0,3 à 0,9 dollars le kilo, alors que celui du sucre a atteint les 2,5 dollars contre 0,4 avant la crise.

Les salaires sont restés inchangés, soit 30 dollars, le salaire moyen et 72 dollars pour un enseignant.

"Nous sommes les oubliés de la Fonction publique", lance Gaspard Nyandwi, un enseignant dans un lycée de la capitale Bujumbura.

Ce père de quatre enfants note, dans une déclaration à Anadolu, que subvenir aux besoins de sa famille relève désormais du miracle.

Pour Nyandwi, qui se dit obligé de recourir à sa banque pour une avance dès le 15 du mois, "la journée du 1er mai censée célébrer la valeur du travail et la dignité des travailleurs n'a plus de sens dans ces conditions".

"On ne fait que vivoter. Pour joindre les deux bouts, nous avons décidé de laisser de côté le sucre, la viande et bien d'autres denrées", déclare pour sa part Bède Bukuru, un autre enseignant.

"On nous demande d’être des modèles pour les enfants, de bien s’habiller... Comment le faire avec un salaire si modique ?", s’interroge-t-il, se désolant que le noble métier d'enseignant soit réduit à de telles considérations financières.

De leur côté, les jeunes recrutés voient l'avenir en noir et sans issue. "Fonder une famille avec un tel salaire est quasi impossible", lâche Isidore, un jeune enseignant dans un lycée de la capitale.

Face à une telle situation le président du CONAPES, plaide pour une nouvelle loi pour corriger les écarts énormes au niveau des salaires, citant à titre d'exemple les 1800 dollars perçu mensuellement par les députés.





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