Les rendez-vous africains de 2017: des élections à l’heure, mais aussi des reports
-Tandis que la campagne pour les législatives bat son plein au Sénégal, en RD Congo et au Gabon les élections ont été reportées à une date encore inconnue

France
AA/France/Esma Ben Said
Alors que la campagne pour les législatives du 30 juillet bat son plein au Sénégal, au Gabon, les élections législatives prévues ce mois de juillet viennent d’être, une fois de plus reportées à avril 2018 par la Cour constitutionnelle.
Tour d’horizon des pays d’Afrique subsaharienne qui ont tenu, tiennent ou tiendront les élections à la date prévue, et de ceux qui ont choisi le report.
- Le Congo Brazzaville (tenu) :
Dimanche 16 juillet, les Congolais ont voté pour leurs représentants à l'Assemblée nationale et aux conseils départementaux.
Alors que près de 2 millions d’électeurs ont été appelés aux urnes, la participation a été timide lors de ce scrutin qui s'est déroulé sans heurts majeurs.
« Toutefois, le vote a été émaillé de violences dans les communes d'Ewo et de Kéllé, dans le département de la Cuvette-Ouest (nord) », a souligné mardi soir dans un communiqué dont Anadolu a reçu copie, la mission d'observation électorale de l'Union africaine (UA), mobilisée lors des élections .
Par ailleurs, le vote avait été reporté dans huit des 14 circonscriptions du Pool (sud), selon le même document.
Ni le taux de participation, ni la date de la publication des résultats de ce double scrutin n’ont encore été rendus public. 151 sièges sont à pourvoir aux législatives, pour un total de 711 candidats contre 1 158 aux locales.
- Le Sénégal (en cours) :
Le coup d’envoi de la campagne des législatives sénégalaises du 30 juillet, a été donné lundi 10 juillet. Alors que lors des législatives de 2012 « seulement » 24 listes se disputaient le choix des Sénégalais, cette fois, ce n’est pas moins de 47 listes qui sont en compétition.
Selon des médias locaux, la campagne sera notamment marquée par les duels entre des poids lourds à l'instar de "Benno bokk yaakaar", la coalition au pouvoir dirigée par le Premier ministre, Mahammad Dionne, "Wattù Senegaal", dont la tête de liste nationale est l’ancien chef de l’État Abdoulaye Wade de retour au pays après près de quatre ans d’absence, et "Mànkoo taxawu Senegaal" dirigée par le maire de Dakar, Khalifa Sall, actuellement en prison.
Les électeurs devront choisir 165 députés, dont 15 pour la diaspora.
L’enjeu fondamental de cette élection, selon les observateurs politiques, est de pousser le président Macky Sall à la cohabitation.
- Rwanda (à venir) :
La course à la présidentielle du 4 août prochain est officiellement lancée depuis le vendredi 14 juillet au pays des mille collines.
Outre le président Paul Kagame, au pouvoir depuis 17 ans, deux candidats de l’opposition sont en lice pour briguer la magistrature suprême. Un scrutin sans surprise puisque Kagame est donné grand favori face à ces candidats quasi-inconnus.
Pour le président sortant, ces élections sont d’ailleurs « jouées » depuis 2015, lorsque 4 millions de Rwandais ont autorisé le Parlement à modifier la Constitution, afin que Kagame puisse se présenter pour un troisième mandat et potentiellement diriger le pays jusqu’en 2034.
Même si l'on devine le dénouement, ce scrutin sera tout de même particulièrement scruté par le reste du continent puisqu’il risque de sonner le glas de l’opposition aux modifications des constitutions dans de nombreux autres pays. Pour rappel, c’est cette même volonté de modification de la Constitution qui a provoqué la perte du président burkinabé Blaise Compaoré, mais qui a aussi plongé le Burundi dans une grave crise politico-sécuritaire depuis plus de deux ans.
- République démocratique du Congo (report) :
Lorsque le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Corneille Nangaa, a annoncé le 7 juillet dernier depuis Paris que les élections présidentielles congolaises ne pourraient être organisées pour la fin 2017 comme le prévoyaient les accords de paix de la Saint Sylvestre (2016), l’opposition est aussitôt montée au créneau.
Pourtant, ce report était pressenti depuis de longs mois.
Même si la Commission a justifié ce report par des « problèmes techniques » pour organiser le vote, il n’est nul doute pour l’opposition qu’il s’agit d’un subterfuge du pouvoir pour maintenir le chef de l’Etat Joseph Kabila aux commandes.
Kabila, à la tête du pays depuis 2001 a été formellement élu une première fois en 2006 puis réélu en 2011. De ce fait, il lui était constitutionnellement interdit de briguer un troisième mandat lors de l’élection initialement prévue en 2016. « D’où des reports incessants du scrutin », dénonce l’opposition.
Aucune date pour la présidentielle, n’a encore été arrêté tandis que les autres élections, législatives et régionales ont elles aussi pris du retard, et risquent d’attendre encore en raison du défi logistique que représentent les nombreux candidats .
- Gabon (report) :
Mardi 18 juillet, la Cour constitutionnelle du Gabon a annoncé un nouveau report des élections législatives. Ces dernières prévues avant la fin du mois de juillet, se tiendront finalement « au plus tard en avril 2018 ».
Déjà ce scrutin aurait du se tenir en décembre 2016, mais le gouvernement avait à l’époque évoqué un manque de budget pour le repousser à juillet 2017. Cette fois, le gouvernement a convaincu la Cour qu'il a besoin de temps pour appliquer les reformes électorales décidées lors du dernier dialogue politique tenu en avril et mai dernier.
Les députés de la douzième législature, en place depuis février 2012 et théoriquement élus pour une période de cinq ans, resteront donc jusqu’à la tenue des élections, désormais prévue avant la fin avril 2018.
- Les autres rendez-vous africains : Kenya, Afrique du Sud, Angola, Libéria….
D’autres élections cruciales sont prévues sur le continent africain, parmi lesquelles les élections générales (législatives et présidentielle) au Kenya. Celles-ci prévues le 8 août prochain pourraient toutefois être compromises en raison de l'annulation surprise du contrat d’impression des bulletins de vote et du décès brutal du ministre de l’intérieur qui ont plongé le pays dans l’incertitude.
En Angola les élections générales du 23 août prochain pourraient être historique puisque après plus de trente-sept années de règne, le président angolais, José Eduardo dos Santos, passera probablement le témoin à João Lourenço, actuel vice-président du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA, au pouvoir).
Au Liberia, les élections générales (législatives et présidentielle) prévues le 10 octobre prochain, seront marquées par le départ de la première femme élue au poste suprême sur le continent, Ellen Johnson-Sirleaf qui a déjà deux mandats à son actif.
En décembre prochain, la grande conférence quinquennale du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) désignera le nouveau chef du parti qui deviendra son candidat pour les prochaines élections générales, en 2019, et très probablement le prochain président d’Afrique du Sud.